Alors qu’elle était une simple employée d’une pizzeria, elle a repris ses études pour devenir avocate. Spécialisée dans la sécurité alimentaire, Nathalie Goutaland défend des victimes de scandales alimentaires, notamment des familles de victimes des pizzas Buitoni contaminées à l’Escherichia coli. Son portrait.
Élève brillante et studieuse, Nathalie Goutaland, quitte le lycée à 18 ans, contrainte de subvenir à ses besoins. Sa famille, plutôt modeste, ne lui finance pas ses études. Elle travaille donc dans une pizzeria d'une grande chaîne en tant qu'employée polyvalente. Elle alterne entre la livraison et la cuisine. Au bout d'un an à humer l'odeur des pizzas, elle décide de passer le bac en candidate libre.
J’ai préparé le bac D (biologie) mais avec la réforme de l’éducation nationale, j’ai dû m’adapter. J’ai choisi le bac S et repris tout le programme.
Nathalie Goutaland
Résultat, elle obtient son bac S à 19 ans. Cette expérience conforte la jeune fille qui poursuit un chemin universitaire. Pas question pour autant de ne plus toucher de salaire et d'être dépendante d'autrui. Sa solution : un BTS en alternance. Elle décroche ainsi un emploi d'alternante dans un laboratoire de recherche dans l’agroalimentaire.
Bac + 2 en poche, Nathalie Goutaland décide de poursuivre une formation de deux ans sur concours pour devenir inspecteur dans les services vétérinaires. Une opportunité, car la formation était rémunérée.
Avec ce nouveau diplôme, elle travaille quatre ans dans des abattoirs, avant d'être agent de la direction départementale des services vétérinaires du Rhône. Parmi ses missions : protéger les consommateurs et accompagner les professionnels à limiter les risques alimentaires. Le poste évolue et pour continuer à exercer ce métier qui la passionne, elle pose ses valises en Guadeloupe.
Je me suis rendu compte qu’en Guadeloupe, les mesures de protection des consommateurs n’étaient pas mises en place. Je ne pouvais pas intervenir à ma manière alors je suis devenue lanceur d’alerte.
Nathalie Goutaland
À 37 ans, Nathalie Goutaland rejoint l’université de droit avec un objectif précis : devenir avocate pour défendre les droits des consommateurs guadeloupéens.
Travail la journée et cours du soir, il fallait tout concilier : vie de famille, études et sport en compétition. Pas une minute de répit.
J’étais enseignante d’arts martiaux, je faisais des compétitions en métropole, j’élevais mes deux garçons, mon emploi du temps était minuté. La journée commençait à 5h du matin, j’enchaînais ma journée de travail et les temps morts, je révisais les cours. Une vie à 100 à l’heure.
Nathalie Goutaland
Une ténacité qui paye. Elle intègre l'école de formation des avocats Centre-Sud, à Montpellier, avant d'obtenir son certificat d'aptitude à la profession d'avocat.
Aujourd’hui installée dans l’Hérault, elle est avocate spécialisée dans la sécurité alimentaire. Ses atouts : elle connaît parfaitement ce domaine.
J’ai découvert, via mon expérience en pizzeria, les prémices des procédures de maîtrise du risque alimentaire. En BTS, j’ai appris les fondamentaux et l’intérêt de l’assurance qualité. Après une immersion en abattoirs, j’ai mieux appréhendé l’outil industriel. Toutes ces expériences font que je maîtrise le sujet parfaitement.
Nathalie Goutaland
Parmi ses affaires médiatiques, elle défend quatre familles dans l'affaire du scandale des pizzas Buitoni contaminées. "Mon intervention dans le dossier a permis de viser certains points qui n’avaient pas encore été soulevés. Notamment, sur l’absence d’un agrément sanitaire pour produire les pizzas" précise Nathalie Goutaland. Une enquête est toujours en cours concernant cette affaire.
Dans son cabinet, elle défend principalement les victimes et aide les professionnels soucieux de la sécurité de leurs produits. Une femme engagée, qui souhaite agir pour la protection des consommateurs.
En plus de son activité professionnelle, elle intervient comme avocate auprès de l’association SHU t Syndrome Hémolytique et Urémique Typique « Sortons du silence ». (Le SHU est une maladie le plus souvent d'origine alimentaire qui entraîne des complications du rein). Un engagement qui lui tient à cœur, alors elle milite au quotidien pour des changements.
Lorsqu’il y a un seul cas d'Escherichia coli, l’ARS et la DDPP (Direction départementale de la Protection des populations) refusent une enquête. Ça retarde les remontées d’informations et peut occasionner une épidémie.
Nathalie Goutaland
Elle a aujourd’hui 47 ans et son combat est loin d’être terminée. Sa ligne de conduite : améliorer la sécurité alimentaire en France. Elle est un peu "l'ange gardien" de nos assiettes.