Agde : les premiers thoniers senneurs méditerranéens sont de retour après leur campagne dans les Baléares

A part une journée de mauvais temps, tout s’est bien passé. Seul problème, l’impact de la pandémie sur le prix de vente du Thunnus Thynnus (ou thon rouge de l'atlantique) : il pourrait être divisé par deux ! Les armateurs se consolent : le virus n’a pas eu raison des équipages.
 

Le capitaine en second du « Ville d’Agde IV », Sébastien Fortassier, est soulagé : en pleine pandémie de coronavirus, il a pu mener une campagne presque normale.  Le thonier senneur de 40 mètres avait quitté le Grau d’Agde (Hérault) le 24 mai, pour démarrer la campagne comme prévu le 26 mai.
 
Au vu de la profusion de thons sur place, nul besoin de s’éterniser sur la zone jusqu’au 1er juillet - date de la fin de la campagne 2020 - car les thoniers ont rapidement atteint leurs quotas.  L’équipage agathois a pu rentrer le mardi 2 juin, soit seulement dix jours après son départ.
 
Le « Ville d’Agde IV » fait partie d’un groupe de 13 thoniers senneurs méditerranéens (3 espagnols et 10 de Sète, Agde, Port-Vendres et Saint-Cyprien) qui pêchent autour des Baléares. 12 membres d’équipage se trouvent à bord mais aussi un observateur espagnol envoyé par la CICTA, la commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique.

Il y a beaucoup, beaucoup de poisson, j’ai été impressionné par la quantité de poissons … (Sébastien Fortassier)


Cette année, toujours aidés de leurs sonars, les bateaux ont trouvé le poisson très rapidement puisqu’il se situait plus au Nord qu’à l’accoutumée.  Selon Sébastien Fortassier, la ressource se porte vraiment bien, les efforts des pêcheurs ont payé. "Il y a beaucoup, beaucoup de poisson, j’ai été impressionné par la quantité de poissons … En plus, il n’est pas mélangé, il y a que du gros, en moyenne 160 à 180 kilos, sans parler des spécimens qui dépassent les 300 kilos".
Non seulement la ressource était là, encore plus proche mais en plus, la météo a été plutôt clémente à part une journée. "Le 29 mai, on a eu du mauvais temps avec pas mal de vent.  Cela rend les conditions de travail dangereuses. Dans ces cas-là, on préfère ne pas prendre de risque et se mettre à l’abri".

La phase délicate du transfert dans les cages

Une fois le poisson capturé dans les immenses filets déployés par les thoniers – les sennes tournantes coulissantes – tout l’enjeu est de les transférer en douceur dans les cages tirées par des remorqueurs placés sur différents lieux stratégiques. "C’est une manœuvre délicate, il ne faut pas que le poisson s’emballe … On colle la cage sur l’avant du filet, on ouvre une porte de chaque côté.  Le filet que nous remontons, se serre, le poisson du coup rentre dans la cage.  Des plongeurs placés à l’entrée de la cage peuvent alors compter le nombre de poissons et estimer le poids de la capture".
 
Une fois le transfert effectué, il faut « faire les papiers », notamment les déclarations de capture. Après les formalités, les cages sont remorquées en Espagne.  Les Fortassier travaillent avec une ferme de Carthagène.  Les poissons seront engraissés avant d’être vendus au plus offrant, la clientèle est majoritairement japonaise. Cette année, l’armement Fortassier a droit à 140 tonnes, c’est dix tonnes de plus que l’année dernière.  En septembre, la CICTA décidera si elle augmente les quotas ou pas.

Un autre bateau agathois fait aussi partie du groupe des 13 bateaux qui ont pêché conjointement environ 3000 tonnes de thons : le Gérard Luc IV et son capitaine Luc Buono sont rentrés également ce mardi 2 juin.

Une campagne en demi-teinte à cause du coronavirus

Après l’épisode de contamination à bord du porte avion Charles de Gaulle, les armateurs craignaient de voir leurs bateaux bloqués à terre. Mais les autorités ont finalement donné leur feu vert, avec malgré tout quelques recommandations sanitaires et la possibilité pour les marins de se faire testerLuc Buono explique qu’il a fallu changer les habitudes. "Habituellement, nous partageons nos matelots, ils vont sur les bateaux voisins pour les aider lorsqu’ils sont en train de pêcher et vice versa.  Mais pas cette fois, il fallait prendre des précautions et rester sur nos canots respectifs. A bord, nous avons fait au mieux avec les gestes barrières, et la distanciation sociale, mais le bateau reste un espace confiné".

 A bord, nous avons fait au mieux avec les gestes barrières, et la distanciation sociale, mais le bateau reste un espace confiné


La bonne nouvelle, c’est qu’aucun matelot n’a déclaré la maladie.  En revanche, l’effet pandémie pourrait fortement affecter le chiffre d’affaires des armateurs. "C’est une année difficile, on va devoir serrer les dents. Le mareyeur nous a annoncé son prix d’achat : une baisse de 50% ! On a dû l’accepter la veille du départ … On savait que la saison allait être compliquée, on n’a pas fait demi-tour, on y est quand même allés.  Notre équipage est passionné, certains sont à bord depuis 30 ans, ils ont tout connu, les périodes difficiles ou les beaux jours, ils sont toujours là »

Le mareyeur nous a annoncé son prix d’achat : une baisse de 50% !


 
C’est que les matelots sont payés à la part, leur salaire sera proportionnel au chiffre d’affaires de la campagne.

La campagne continue à Malte

 Un autre groupe de 5 bateaux, principalement sétois, a pêché, lui, plus au Sud. Parmi eux, le Chrisdéric 2, armé par la famille Lubrano, que nous avions suivi dans ses préparatifs :
 
Deux autres armements, Avalone et Giordano, sont encore en train de capturer leurs thons du côté de Malte, qui abrite également des fermes d’engraissement.   


La campagne se termine à terre

 
De retour à terre, les armateurs préparent leurs bateaux pour l’hiver. "Il faut tout ranger, enlever le sel,  100% de l’équipage est encore mobilisé deux semaines, puis il restera juste quelques personnes pour l’entretien", précise Luc Buono
 
Cette fois, il n’est pas nécessaire de débarquer le filet, il peut rester à bord du Gérard Luc IV … il n’y aura pas de carénage cette année !
 
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