Mardi 17 mai, Madrid. La corrida de la presse attire seulement 13 000 personnes à Las Ventas. Mais elle mobilise l'attention de l'afición française. Juan Leal, le plus prometteur des jeunes français, confirme son alternative. Les toros de Pedraza, lourds et très armés, sont mauvais. Revue de presse.
Au soir de la corrida, Juan Leal et son entourage ont reçu les félicitations de la profession. Beaucoup de toreros de premier plan ont regardé cette corrida, soit sur les gradins soit à la télé. Et ont pris la peine de téléphoner ou d'envoyer un message. Tous disent la même chose : bienvenue au club. Et certains précisent : ce que tu as fait, garçon, devant le sixième Pedraza, nous sommes bien peu à être capables de le faire.
Quant à la presse spécialisée, voici ce qu'elle écrit.
Une très digne confirmation pour Juan Leal. Le titre de José Antonio del Moral dans son blog résume bien les opinions de chacun.
Au civil, Juan s'appelle Steeven Jean Groux Leal. Mais dans l'arène, il s'est choisi un prénom et un nom nettement plus espagnols. Et ce choix se retrouve parfaitement dans sa tauromachie.
Toujours ronchon, Antonio Lorca dans El País retient surtout la mauvaise qualité du bétail et l'inexpérience de Juan Leal. Sous le tire "Des tonnes de mansedumbre et de niaiserie", il écrit :
Leal s'est littéralement mis entre les cornes pour parachever sa faena au sixième, et il a arraché une ovation en hommage à son courage. On a aussi fêté son début à genoux devant ce même toro, mais il n'y a rien eu de plus. Ses toros étaient mauvais, mais le torero ne s'est guère employé à ce que les gens aient une meilleure image de lui. Il est encore vert, sa tauromachie est superficielle et il s'en est fallu de quelques millimètres pour qu'il ne soit pas encorné en provoquant la charge de son premier toro avec le cartucho de pescao.
Andrés Amorós, du quotidien ABC ne nie pas l'inexpérience du torero français. Mais pour lui, ce n'est certes pas un défaut.
Juan Leal ne ménage pas ses efforts, fait preuve d'un courage tranquille et force le respect du public; la faena qui s'achève entre les cornes fait passer des frissons. Il tue comme un lion, c'est toi ou moi. Malgré son peu d'expérience, il s'est largement justifié.
Pour Zabala de la Serna, le chroniqueur de El Mundo, le courage impassible du torero français le rapproche du grand Paco Ojeda. Carrément!
Terrible arrimón de Juan Leal visage impassible, cornes frolant la poitrine et muleta dessinant des 8 et des tresses à la façon d'Ojeda. Un coup au creux de l'estomac, c'est tout ce qu'il a reçu au moment de l'estocade. Leal s'est totalement livré. Impossible de donner plus avec aussi peu.
Patricia Navarro, dans La Razón, résume parfaitement la corrida.
Juan Leal est venu à Madrid pour confirmer son alternative et la seule chose qu'il a confirmé, c'est qu'il est capable d'affronter une mule éléphantesque en se tenant plus près du danger que la majorité des toreros.
Juan Leal n'a rien lâché, il s'est laisser frôler par les cornes comme si c'était des jouets. Pas d'autre vérité, pas d'autre chemin pour démontrer qui il est. En estoquant le dernier, il a reçu un coup de corne dans le ventre et gagné le respect du public.
La conclusion de José Antonio del Moral pourrait être signée par tous ses confrères. Et par tous ceux qui étaient à Las Ventas mardi dernier.
Même s'il n'a pas triomphé, Juan Leal a mis en évidence deux qualités : il a été aussi courageux que digne dans une corrida où aucun toro ne lui a été favorable.