La grève des médecins contre le projet de loi Santé prend de l'ampleur ce lundi. Selon MG France principal syndicat de généralistes, elle est surtout suivie en zone rurale dans l'Aude et la Lozère.
Le témoignage de ce généraliste de Frontignan représentant de MG France en Languedoc est éloquent. 80 % des généralistes de sa commune héraultaise ont fermé leur cabinet ce 5 octobre."Il ne reste plus que 58 médecins généralistes pour l'ensemble d'un département comme la Lozère et ils sont âgés de plus de 61 ans. Vous rajoutez à cela le tiers payant de la loi santé et vous comprendrez l'ampleur du ras-le-bol"
La grève des médecins contre le projet de loi Santé a pris de l'ampleur lundi après l'entrée dans le mouvement de MG France.
La quasi-totalité des organisations de médecins libéraux ont appelé à la fermeture des cabinets de samedi à mardi, date du vote de la loi au Sénat avant son retour à l'Assemblée nationale.
Principal syndicat de médecins généralistes, MG France a appelé les médecins à une grève reconductible à partir de lundi.
Les grévistes sont opposés à la généralisation du tiers payant (dispense d'avance de frais ) d'ici à 2017, les plus radicaux réclamant le retrait du projet de loi.
La très forte mobilisation des médecins généralistes s'est confirmée lundi en Rhône-Alpes avec plus de 50% des cabinets fermés lundi à la mi-journée, et jusqu'à 100% dans certains secteurs, selon MG France.
Selon MG France en Languedoc, la Lozère et l'Aude sont les départements les plus concernés par le mouvement. Car à la protestation contre la loi santé s'ajoute les conditions de travail au quotidien et le manque crucial de remplaçants en zone rurale.
Les centres du 15 étaient totalement saturés d'appels : "Très peu de réquisitions ont été faites par l'ARS (Agence régionale de santé) qui, comme la ministre de la Santé, n'a pas cru en la mobilisation des généralistes et n'a pas anticipé", a informé le syndicat.
MG France Rhône-Alpes appelle à la reconduction de la grève mardi et mercredi avec une manifestation régionale devant l'ARS mardi à 14H30. Une assemblée générale doit se réunir lundi après-midi.
"La mobilisation est également très forte en Auvergne, Normandie, Aquitaine ou encore dans le Languedoc", a précisé à l'AFP un responsable de MG France, François Wilthien. "En Ile-de-France, il y a au moins un cabinet fermé sur deux".
A Toulouse, quelque 200 médecins généralistes et spécialistes libéraux se sont rassemblés lundi en fin de matinée devant le siège de l'ARS.
"On remet en question l'essence de notre métier", a dit à l'AFP Jérôme Marty, président national de l'UFML (Union française pour une médecine libre), estimant qu'en moyenne 65% des libéraux étaient en grève au niveau national.
"On veut faire de nous des fonctionnaires déguisés, on touche à la liberté du médecin et des patients", a affirmé Michel Struye, généraliste près de Tarbes, qui portait des chaînes factices aux poignets.