Le maire de Millau épinglé par la coalition des villes contre le racisme pour ses propos sur les "jeunes Antillais"

Le président de la Coalition des Villes Européennes contre le Racisme (qui est aussi adjoint au maire PS de Toulouse) vient d'adresser un courrier à Guy Durand (maire PS de Millau) qui vise ses propos sur la jeune communauté antillaise vivant dans la cité millavoise.

Jean-Paul Makengo, président de la Coalition des Villes Européennes contre le Racisme (qui est aussi adjoint au maire PS de Toulouse), vient d'adresser un courrier à Guy Durand, le maire PS de Millau, dans lequel il lui reproche ses propos sur la jeune communauté antillaise qui vit dans la cité aveyronnaise. 

Tout est parti d'un article de nos confrères de Midi Libre, relatant un conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance, qui s'est tenu la semaine dernière à la mairie de Millau, au cours de laquelle le maire a dévoilé les données d'une enquête sur "les jeunes majeurs et mineurs issus des Dom-Tom et arrivés sur Millau sans adultes référents"

Le maire a indiqué qu'il ignore les raisons de l'arrivée à Millau d'une cinquantaine de jeunes originaires de Saint-Martin aux Antilles et qui habitent tous dans l'hyper-centre de la ville. Selon le maire, les premiers sont arrivés pour suivre une formation au lycée professionnel, les autres auraient suivi autour d'un "eldorado millavois" selon ses propos. 

"La ville de Millau est en crise, on ne peut pas accueillir des jeunes sans formation, une population que l'on a dut mal à intégrer", a indiqué Guy Durand, selon Midi Libre. Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, le maire de Millau ne conteste pas ces propos. 

Guy Durand rappelle l'assassinat de l'un de ses jeunes, Jean-Ronald en 2010 ou encore, plus récemment, un important trafic de drogue démantelé dans sa ville en provenance des Antilles. Mais il refuse de stigmatiser cette population : c'est dans le but d'aider ses jeunes qu'il dit avoir commandé cette étude et s'intéresser aux problématiques de ces jeunes venus des Antilles.

[Cela] me rappelle le fichage qui jadis a causé beaucoup de tort à notre République".    
                                                           Jean-Paul Makengo


Pour Jean-Paul Makengo, ces propos et ces méthodes sont intolérables. L'élu socialiste a donc écrit à son collègue socialiste aussi pour lui dire tout le mal qu'il pense de cette démarche. France 3 Midi-Pyrénées a pris connaissance de ce courrier à l'entête de la Coalition des Villes Européennes contre le Racisme .

En voici quelques extraits : 

  • "La méthode utilisée par la Ville de Millau, pour comptabiliser et classer les jeunes "Antillais" (...) me rappelle le fichage qui jadis a causé beaucoup de tort à notre république".
  • "Parler de nos compatriotes antillais comme des "étrangers" ayant besoin d'être intégrés (...) est une méconnaissance totale de notre diversité républicaine". 
  • "As-tu l'intention de fermer les frontières de ton territoire à d'autres Français ou cela ne s'applique qu'aux malheureux Domiens en recherche de l'"Eldorado millavois" ?"
  • "Je dois juste te rappeler que les statistiques ethniques sont interdites dans notre République".
  • "Je te demande solennellement de bien vouloir corriger cela par tous les moyens dont tu disposes".
Guy Durand, qui a reçu la lettre mais s'étonne que son collègue socialiste ne lui ait pas passé "un coup de fil", se défend de toute intention raciste ou discriminante. "J'ai 57 ans, je suis militant socialiste, j'ai toujours été du côté de ceux qui sont dans le besoin", nous a-t-il dit. "Alors, ça me tord les tripes que l'on puisse penser cela de moi." Ajoutant au passage : "Je n'ai pas de leçon à recevoir d'un élu de Toulouse qui n'a jamais mis les pieds à Millau !"

ça me tord les tripes que l'on puisse penser cela de moi."
                                                                              Guy Durand

Les deux élus socialistes ont prévu d'échanger au téléphone dans la soirée de mardi. Dans son courrier, Jean-Paul Makengo, demande des "précisions" à Guy Durand. qu'il met en garde contre "tout acte ou décision publique discriminante". En attendant, il a adressé une copie de son courrier à la ministre de la Justice Christiane Taubira et au préfet de région. 

EN VIDEO / le reportage de Mathilde de Flamesnil et Régis Dequeker


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