Alors que son musée éponyme sera inauguré le 30 mai prochain par François Hollande, le maître de l'outrenoir revient dans une longue interview sur son métier de peintre, indique qu'il continue de brûler les toiles qui ne lui conviennent pas et que tous les hommages "lui pèsent".
A 94 ans, Pierre Soulages est sans aucun doute l'artiste de l'année. Son actualité est très variée : elle passe notamment par l'ouverture au public et l'inauguration le 30 mai prochain du musée qui porte son nom à Rodez, sa ville natale, ou encore une grande exposition dans une célèbre galerie à New-York.
On va donc beaucoup parler de Pierre Soulages dans les jours qui viennent et l'artiste se livre dans une longue interview dans Le Point. S'il n'est pas directement interrogé sur le musée de Rodez, Pierre Soulages exprime cependant une certaine forme de lassitude quant aux rétrospectives et aux musées le concernant :
Pour vous dire la vérité, les musées et les rétrospectives me pèsent" Pierre Soulages
- Qu'est que vous désirez maintenant ? lui demande le journaliste.
- Ne m'occuper que de ce que j'ai envie de peindre, répond l'artiste. Pour vous dire la vérité, les musées et les rétrospectives me pèsent. Parce que je sais que mon temps vaut plus que le vôtre. Tout simplement parce qu'il m'en reste moins qu'à vous... Ce que je désire ? Tourner autour d'une toile en attendant de commencer, et que l'envie diffuse que j'ai de peindre se mette à fonctionner avec les outils et la couleur que j'ai en main. C'est comme ça que j'aime vivre".
Il s'explique aussi sur son travail, ses sources d'inspiration, où la côte de ses toiles et révèle qu'il continue, comme il l'a souvent fait tout au long de sa carrière, de brûler les oeuvres qui ne lui conviennent pas.
"Vous brûlez toujours les toiles que vous ne trouvez pas abouties ?" lui demande le journaliste Christophe Ono-dit-Biot. "Oui, répond Pierre Soulages, je n'accepte pas toujours ce que je fais et quand je n'accepte pas alors je fais disparaître. Le plus simple alors c'est de brûler. Ça prend moins de temps que de la lacérer en petits morceaux et de mettre ceux-ci à la poubelle..."
Et Pierre Soulages de préciser qu'une toile n'est pas aboutie, selon lui, "quand, en regardant un tableau, je n'y trouve pas ce qui peut nourrir ce qui se passe en moi".