Accompagné de 13 ministres et de la quasi-totalité de son cabinet de Matignon, Edouard Philippe entame mercredi soir 48 heures de "délocalisation" dans le Lot, où le Premier ministre présidera notamment à Cahors la deuxième Conférence des territoires du quinquennat Macron
Un premier ministre accompagné de 13 ministres pour sortir le pouvoir de Paris
Soucieux de rompre avec les routiniers déplacements de quelques heures menés tambour battant, le chef du gouvernement passera deux nuits dans le département du Lot.
Outre son discours attendu devant les collectivités territoriales jeudi après-midi, Edouard Philippe doit également détailler jeudi matin le plan du gouvernement pour le très haut débit et contre les zones blanches, dans le dixième département le moins peuplé de l'Hexagone.
Après un "dîner républicain" mercredi et un autre jeudi avec des chefs d'entreprises à Cahors, le Premier ministre fera la tournée du Lot vendredi: Gourdon (Education), Figeac (Culture), Rocamadour (Tourisme), Biars-sur-Cère (Réforme de l'Etat)...
a justifié l'ancien maire du Havre la semaine dernière devant l'Assemblée nationale.Il m'est apparu qu'il pouvait être utile, non pas simplement de venir, de participer à une réunion et de repartir, mais de rester un peu sur place et d'en profiter pour discuter, pour rencontrer, pour échanger avec les acteurs de ce département,
L'initiative s'ajoute à la liste des tentatives, au succès aléatoire, de sortir le pouvoir de Paris et de le rapprocher davantage des électeurs, comme pour les délocalisations de Conseils des ministres inventées par Valéry Giscard d'Estaing, et reprises plus de trente ans plus tard par Nicolas Sarkozy. Ou les dix jours de ministère du Logement "délocalisé" à Lyon par Christine Boutin en 2007, dont le coût (300.000 euros) en avait dissuadé plus d'un de reproduire l'expérience.
La "délocalisation" annoncée par Matignon fin novembre reste limitée: les importantes réunions interministérielles continueront à avoir lieu à Paris où restera stationné le personnel administratif, a précisé Edouard Philippe.
Le Lot, "mauvaise adresse" pour une "sinécure gouvernementale"
Ce long déplacement aura aussi valeur de test de terrain pour Edouard Philippe, alors que l'exécutif remonte dans les sondages après un mauvais été."Si vous espérez trois jours de sinécure gouvernementale, le Lot n'est pas la bonne adresse", l'a mis en garde le député LR Aurélien Pradié à l'Assemblée nationale.
A l'appel notamment de la CGT, une manifestation est prévue jeudi après-midi à Cahors, aux abords du parc des expositions qui accueille la deuxième "Conférence nationale des territoires" (CNT) du quinquennat Macron, après celle organisée au Sénat mi-juillet.
Lancé par le chef de l'Etat, ce nouveau rendez-vous semestriel vise notamment à organiser le dialogue Etat-collectivités locales au moment où la fin du cumul des mandats limite la présence à Paris de nombre d'élus locaux.
Faire le point sur le pacte financier proposé par l'Etat
Après les désaccords de l'été sur les gels de dotation ou la baisse des emplois publics, qui ont culminé avec la décision des régions de rompre le dialogue avec l'Etat fin septembre, les relations se sont assouplies: désormais présidée par le centriste Hervé Morin (UDI), Régions de France participera finalement à cette nouvelle session.
Outre Edouard Philippe, treize ministres sont attendus à Cahors jeudi, ainsi que les représentants des principales associations d'élus, l'Associations des maires de France (AMF), l'Assemblée des départements de France (ADF), et les associations du bloc communal.
Les échanges se tiendront dans un comité restreint d'une soixantaine de personnes jeudi matin, avant d'être étendus à 400 personnes l'après-midi, avec notamment de nombreux élus du Lot.
Sujet prioritaire de cette deuxième conférence: faire le point sur le pacte financier proposé par l'Etat, qui épargne les petites et moyennes communes et concentre les efforts sur les grandes collectivités (régions, départements, grandes villes). Si les dotations augmenteront tout de même, ce sont ces dernières qui supporteront l'essentiel des 13 milliards d'euros d'économies demandées par l'exécutif.
La refonte de la fiscalité locale annoncée par Emmanuel Macron, le droit à l'expérimentation des collectivités ou encore le statut de l'élu devraient également être abordés