Le romancier Peter May qui vit dans la Lot met le cap sur Gibraltar et l'Espagne dans son dernier polar

L’auteur de polar franco-écossais installé dans le Lot sort un nouveau polar. Peter May nous emmène cette fois-ci en Espagne sur la piste d’un narcotrafiquant, sans foi ni loi, prêt à tout pour se venger.
 

Quand un roman noir s’ouvre sur un homicide, certes involontaire, expédié chirurgicalement en cinq pages, il nous promet forcément un rythme effréné. Le tout étant de s’y tenir. L’auteur de la trilogie écossaise vendue à plus de 2 millions d’exemplaires fait partie de ceux que ça ne tracasse pas.

Le prologue de « Rendez-vous à Gibraltar » s’ouvre donc par une mort qui va se doubler d’une soif de vengeance à la cruauté sans limite. Jack Cleland dit « Mad Jock » vivait jusque-là incognito à Marviña, sur la Costa del Sol. Un soir, alors qu’il était censé être parti en voyage, le narcotrafiquant retourne dans sa villa y chercher quelque chose. Un de ses voisins alerté par la lumière dans la résidence de luxe appelle la police locale.

Une patrouille débarque chez le chef de gang et découvre que la porte a été forcée. Sur la piste d’un cambriolage, Cristina Sanchez Pradell et son collègue dégainent leurs armes de service. Le propriétaire des lieux se sent immédiatement traqué. Une lumière s’allume, le surprend, il tire et tue sa compagne, enceinte.

Soif de vengeance

Interpellé sur-le-champ, Cleland crache alors au visage de Cristina : « C’est votre faute. C’est vous qui l’avez tuée ! Vous ! ». Elle ne le sait pas encore, mais la policière et toute sa famille ont désormais un avis de décès sur leurs têtes. D’autant que le chef de clan parvient à s’évader alors qu’il est transféré en fourgon blindé.

Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, John Mackenzie vient d’intégrer le siège londonien de la National Crime Agency. L’inspecteur, totalement associable et ne pouvant s’empêcher de dire ce qu’il pense quoi qu’il lui en coûte, a de nouveau été dégagé de son précédent poste.

Sa vie est une catastrophe. Il vit dans la chambre d’un adolescent décédé laissée en l’état par ses logeurs. Il s’apprête à partir aux obsèques de sa tante qui l’a élevé et avec qui il a coupé les ponts. En instance de divorce, sa femme et son fils ne veulent plus le voir. Il va aussi perdre la confiance de sa fille quand il lui annonce qu’il ne sera pas à son spectacle de fin d’année.

Anti-héros et fatalisme


Et pour cause, Mackenzie est envoyé sans prévenir en Espagne pour récupérer « Mad Jock », ressortissant britannique recherché à Londres pour trafic de cocaïne et le meurtre d’un policier. Mais à peine débarqué sur « la Costa del Crime », la mission ne va pas se dérouler comme prévue. Associé à Cristina, principale cible du fugitif sanguinaire, il va très vite découvrir que la mort rôde autour d’eux. Ce sera leur vie ou celle de Geland.
Les personnages de May ne sont pas des héros, trop imparfaits pour cela. Ils sont ici empreints d’un tel fatalisme qu’on s’attend à les voir mourir à chaque fin de page sans que cela ne nous émeuve plus que ça. Le style est parfois heurté de raccourcis ou de coïncidences sentant la grosse ficelle, mais le lecteur est rapidement pris dans les filets de l’intrigue. Et comme dans les bons polars, impossible de lâcher l’enquête avant la fin et ce fameux rendez-vous à Gibraltar.

"Rendez-vous à Gibraltar", Peter May, traduit de l'anglais par Ariane Bataille, Editions du Rouergue. 

 
Extrait de « Rendez-vous à Gibraltar » de Peter May
Sur le point de répliquer, Mackenzie fut assailli par un rare sursaut de retenue tandis que Beard tendait le bras vers une pile de dossiers posée sur son bureau pour en ouvrir un.
- Bon, qu'est-ce qui vous apoussé à croire que la NCA devait être la prochaine étape de votre carrière ?
- Je crois l'avoir expliqué au cours de l'entretien.
Beard lui lança un coup d'oeil agacé.
- Vous avez le boulot Mackenzie. Ce n'est pas un entretien d'embauche. Je veux la vérité.
- Je suis flic, monsieur.
- Pourquoi avez-vous quitté la Met ?
- Je n'ai pas vraiment choisi. (Il se corrigea). Enfin, si. Mais on m'a obligé à le faire. Dans le jargon spécialisé, je crois qu'on appelle ça un licenciement déguisé.
Beard se cala contre le dossier de son fauteuil et croisa les doigts sur une ample bedaine.
- Racontez-moi, dit-il bien qu'il connût déjà certainement toute l'histoire.
Mackenzie prit une profonde respiration avant de répondre :
- On me collait toutes les tâches merdiques, monsieur. Je passais plus de temps derrière un bureau à remplir de la paperasse qu'à exercer mon métier de policier. Et mes demandes de promotion étaient systématiquement rejetées.
- Pourquoi ?
- Parce que personne ne m'aime.
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