Hôpital de Cahors : " En 30 ans je n'ai jamais eu à gérer une telle pénurie de personnel "

C'est une première symbolique qui inquiète. L'hôpital de Cahors active son plan blanc faute de personnel. Une mesure exceptionnelle pour faire face à la pénurie de soignants. Une tension qui touche tous les centres hospitaliers en France.

A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Déjà activé en décembre 2021 à cause de la pandémie, l'hôpital de Cahors a de nouveau activé son plan blanc le vendredi 6 mai dernier, pas à cause du Covid 19, mais par manque de ressources humaines.

Le plan blanc permet d'activer la cellule de crise

" Compte tenu de la pénurie de personnel, on est obligé de rappeler des patients pour déprogrammer des opérations sur certaines interventions de chirurgie et de gastro. Face à une telle situation qui se reproduit toutes les semaines, j'ai activé le plan blanc de l'hôpital", nous explique Pierre Nogrette directeur de l'hôpital de Cahors. 

Ce plan blanc nous permet d'activer une cellule de crise. Cette cellule se réunira toutes les semaines avec les équipes médicales pour prendre des décisions ensemble, de manière plus réactive en fonction des besoins.

Pierre Nogrette, directeur du centre hospitalier de Cahors

Evidemment aucune opération urgente ou relative liée à des cas de cancer ne sera déprogrammée. " On a fait le choix de ne fermer aucun service et de maintenir toutes les activités de l'hôpital, car l'hôpital de Cahors est souvent le seul établissement hospitalier du Lot sur certaines spécialités comme la maternité ou la néo natalité. On a une responsabilité sur le territoire. Du coup on répartit le personnel en fonction des besoins ", précise le directeur de l'hôpital.

50 lits de fermés sur 365

Au total 50 lits sont actuellement fermés sur 365 à l'hôpital de Cahors, faute de personnel. 

50 lits fermés, c'est beaucoup. C'est un phénomène national qui n'épargne aucun centre hospitalier. A Cahors, il nous manque essentiellement des infirmiers. Nous avons actuellement 15 postes totalement vacants où il n'y a aucun candidat, plus des arrêts maladie ou de maternité que nous n'arrivons pas à remplacer. Cela fait 30 ans que je suis dans la fonction hospitalière mais je n'ai jamais eu à gérer une telle pénurie.

Pierre Nogrette, directeur du centre hospitalier de Cahors

Aucun service fermé

Avec ce plan blanc, la direction de l'hôpital se dote ainsi d'un outil qui lui donne plus de souplesse. " Il était hors de question d'annuler les congés des personnels. Il faut qu'on arrive à concilier l'intérêt des malades et les conditions des personnels de santé. Sinon cette crise va s'aggraver. L'activation de ce plan blanc n'est pas facile, c'est compliqué mais nous menons la discussion en permanence avec nos équipes pour accepter des décalages d'opérations", poursuit le directeur de l'hôpital. 

Ce craquage du système hospitalier intervient après le Ségur de la Santé qui était censé redynamiser l'hôpital. Or force est de constater que la situation s'est encore dégradée car le cas de l'hôpital de Cahors est loin d'être isolé.

" Il va falloir des mesures fortes "

On passe du Covid à la pénurie des soignants. On va de crise en crise, après ce n'est plus une crise. C'est très difficile car le moral des hospitaliers est atteint. On ne pourra pas continuer comme ça sur la durée. Il va falloir des mesures fortes et penser à la réorganisation de l'hôpital public. Et cela ne passe pas que par le problème des rémunérations. Il faut qu'on s'interroge, qu'on travaille ensemble, qu'on se concerte. Y compris nous les directeurs d'hôpitaux. "

Pierre Nogrette, directeur du centre hospitalier de Cahors

Des propos forts, pour une situation inédite. Ce plan blanc à l'hôpital de Cahors est activé pour une durée indéterminée.

Des collègues en larmes, épuisés

Face à une telle situation, le syndicat CGT de l'hôpital réagit aussi. Jours supplémentaires travaillés, surcharge de travail, changements de plannings au dernier moment, le personnel hospitalier de Cahors se dit " à bout ". 

Dans un communiqué de presse, ces responsables syndicaux expliquent : " Jamais nous n'avons connu de situation aussi dégradée dans notre établissement. Jamais nous n'avons autant de collèges en larmes, épuisés, désirant quitter l'hôpital et changer de métier. "

La CGT dénonce aussi une dégradation de la communication et du management venant de certains supérieurs hiérarchiques. Elle appelle la CFDT et FO a rejoindre son mouvement.  

Ces personnels de santé sont appelés une journée de mobilisation le lundi 16 mai. Ils doivent se réunir dès 14h dans la cour de l'hôpital. 

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