Lesly Kate Moussavou habite à Brenoux en Lozère, au sud de Mende et va être obligée de quitter la France d'ici 45 jours faute de titre de séjour. Diplômée à plusieurs reprises de l'université de Montpellier et actuellement en thèse, à Perpignan, cette jeune maman se bat pour rester en Lozère.
Lesly et Urbain, 35 et 37 ans, sont arrivés dans la commune de Brenoux en Lozère en 2019. Ce village de 400 âmes est situé dans le Valdonnez, au pied du Mont Mimat.
Urbain est professeur d'espagnol et enseigne à Meyrueis. Lesly et Urbain se sont mariés en 2018 après s'être fréquentés pendant 5 ans. Lesly, elle, multiplie les diplômes et ensemble ils viennent de donner naissance à Tamarah, aujourd'hui âgée de 3 mois. Une vie simple et tranquille en Lozère, avec tout pour être heureux. Mais Lesly est sous le coup d'une OQTF, Obligation de Quitter le Territoire Français et est assignée à résidence avec la menace d'être expulsée d'ici à 45 jours.
Des études à Montpellier
Originaire du Gabon, Lesly est arrivée à Montpellier comme étudiante en 2012, à l'âge de 27 ans. Tout d’abord en situation régulière pour sa scolarité post-bac, elle a étudié à l’Université de Montpellier où elle obtient un Master I Management des ressources humaines puis un Master II en école de commerce MBWAY. Par la suite, elle a complété son parcours supérieur par deux diplômes universitaires. Une succession de succès pendant 5 ans.
A l'issue de ces études, Lesly a alors formulé une demande d’APS, une Attestation Provisoire de Séjour, à la préfecture de l’Hérault. Elle s’est vu opposer un refus. Dès lors, Lesly s’est trouvée en situation irrégulière et les batailles juridiques, pour tenter de faire régulariser sa situation, ont commencé.
" Je n'ai pas compris ce premier refus. J'avais recommencé un Diplôme Universitaire après mon Master 2 , et la Préfecture m'a refusé mon titre de séjour sous prétexte que la demande est arrivée après le diplôme le plus élevé... " explique Leslie.
Se voyant privé de la possibilité d’exercer un emploi, Lesly a décidé de poursuivre sa scolarité en débutant une thèse en sociologie intitulée « L’interculturalité en milieu rural : le cas de la Lozère » à l'Université de Perpignan.
Une vie bien intégrée
Un nouveau dossier d’admission exceptionnelle de séjour a été déposé à la préfecture de la Lozère le 19 mai 2020 sur les conseils du personnel préfectoral. A la suite de ce dépôt, elle s’est vu opposer une Obligation de Quitter le Terrtoire Français en date du 10 juillet 2020.
Je ne comprends pas. Ma vie est ici en Lozère. J'ai commencé à travailler, je donne des cours sur internet, j'ai des amis ici. Je suis une épouse, une maman. Je ne suis pas une menace pour l'Etat français, je ne suis pas fiché S. Je veux juste continuer à vivre ici normalement.
Lesly et Urbain vont souvent diner chez leurs amis du village. Le jeune couple et leur bébé sont désormais bien intégrés à Brenoux.
" Il y a 15 jours, il y a eu une Fête des Voisins et c'était impensable qu'ils ne soient pas là. Lesly et son mari participent à tous les évènements du foyer rural et de la mairie. Et depuis qu'ils connaissent la situation, les habitants du village sont choqués et les soutiennent unanimement " témoigne Clèmence Gouret, une habitante de Brenoux.
Assignation à résidence
L’expulsion n’a pas eu lieu, en raison de l’état de santé de Lesly qui la rendait intransportable au vu de sa grossesse difficile. Mais depuis, elle a reçu une convocation pour le lundi 11 octobre, afin de se voir signifier une assignation à résidence. L'assignation à résidence va la conduire à devoir restituer son passeport à la préfecture, à pointer régulièrement au commissariat de police avec sa fille de trois mois dans les bras et sans véhicule personnel, et à être reconduite à la frontière à court terme, 45 jours maximum.
" Je suis passée par toutes les émotions. Je ne vais pas me défenestrer car j'ai ma petite fille, mais j'avoue que cela m'est passée par la tête " avoue-t-elle émue.
Aujourd'hui, Lesly et ses amis en appellent à la Préfète de la Lozère qui peut lui délivrer un titre de séjour. Un rassemblement de soutien est prévu lundi 11 octobre à 10h devant la Préfecture à Mende. La Lozère compte 4% de sa population d'origine étrangère, un des plus bas taux de France.