Lozère: "on est surveillé comme des voleurs", la cohabitation difficile entre Parc National des Cévennes et agriculteurs

Concilier préservation de l’environnement et exploitation agricole, le défi que doivent relever chaque jour ceux qui vivent et travaillent au coeur du Parc National des Cévennes. Depuis quelques années, la cohabitation entre agriculteurs et agents du parc s'est compliquée.

 

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Le Parc National des Cévennes (PNC), c'est un territoire de plus de 2 000 km² situé entre le Gard et la Lozère. Il est le seul Parc National habité en France : plus de 400 exploitations agricoles sont recensées.

Avec son père, Nicolas Carrière élève des brebis laitières sur le Causse Méjean.

Installés ici depuis toujours, ils vivent aujourd’hui très mal l’ingérence du parc sur leurs terres.  
C'est une "histoire de pierres" qui a mis le feu aux poudres.  

On a voulu faucher l’herbe pour l’hiver, pour nourrir le troupeau. Et de fait on a poussé les cailloux qui nous gênaient sur le bord, sur d’autres clapas, ces amas de pierres que l’on peut apercevoir derrière. Pour faucher plus facilement aussi", raconte l'éleveur.
 

Le Parc National nous a mis un avertissement à 3.750 euros pour avoir soi-disant détruit le paysage.


Une accusation impossible à comprendre pour ces deux éleveurs soucieux de préserver les terres de leurs ancêtres. 

Bernard Carrière, le père de Nicolas, ne décolère pas.
 

Il ne peut y avoir de dialogue avec des gens comme ça. C’est pas possible.

"Ils attendent qu’on fasse la moindre petite chose qui ne leur plait pas pour nous sanctionner. Il n’y a plus aucune communication", complète son fils.
 

On est surveillé comme si on était des bandits, des voleurs. 

 
Concilier préservation de l’environnement et exploitation agricole, le défi que doivent relever chaque jour ceux qui vivent et travaillent au coeur du Parc National des Cévennes. Depuis quelques années, la cohabitation entre agriculteurs et agents du parc s'est compliquée. ©F3 LR / FTV


Colère et incompréhension des agriculteurs

Colère, incompréhension, des sentiments de plus en plus répandus parmi les éleveurs présents en coeur de parc.
Quelques kilomètres plus loin dans les Cévennes, Arnaud Agrinier, un autre agriculteur est sous la menace d'une sanction. 

L’objet du litige ? C’est ici un amas de terre qui attend d’être transformé en champ.
 

Monsieur, nous avons constaté le 1er mai de cette année que vous avez effectué un dépôt de terre sur une parcelle vous appartenant sur la commune de Rousses.

On comprend oui et non", explique Arnaud Agrinier.
 

On a pas déposé la terre dans le parc, on l’a déposé chez nous et c’est pas à eux de venir commander chez nous.


Pour préserver le patrimoine exceptionnel du Parc National des Cévennes, l’administration du PNC impose des règles strictes, parfois difficilement conciliables avec le quotidien d’un agriculteur.

Ainsi, travaux et modifications doivent être soumis à autorisation mais le délai pour obtenir une réponse est en moyenne de 3 mois.
  

L'entente cordiale des débuts s'est dégradée

Cordiale lors de la création du parc, la relation entre agents et agriculteurs s’est fortement dégradée ces dernières années.

Soumis à une réglementation qu’ils ne comprennent plus de leur propre aveu, les agriculteurs n'hésitent pas à employer des termes forts : "fliqués", "infantilisés", "voleurs"... 

Une cinquantaine d’entre eux a exprimé leur colère mardi 22 octobre, au siège du Parc National des Cévennes. 

D'autant que, comme l'explique Sylvain Chevalier, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs de Lozère, si le territoire a été classé pour son pastoralisme à l’UNESCO c’est bien grâce au travail des éleveurs, des agriculteurs qui pendant des décennies et des générations ont aménagé le paysage.
 

Ce sont les agriculteurs qui ont fait pâturer leurs moutons, ils ont sortis les pierres pour faire des champs et aujourd’hui tout ce travail est remis en question par le Parc National des Cévennes.

 


Un ressenti mais pas une réalité selon le PNC

Cette remise en question du travail et des comportements des agriculteurs n’est-elle pas davantage ressentie que vécue ? 

C'est l'argument qu'avance la direction du Parc National des Cévennes.
Selon elle, seuls cinq Procès-verbaux et dix à quinze avertissements écrits auraient été émis au cours de l’année 2019.

Concernant les demandes d’autorisation, Anne Legile, la directrice du parc affirme n’en avoir refusé que trois sur un millier de demandes reçues, au cours des 3 dernières années. 

A partir du moment ou une réglementation s’applique, évidemment ça apporte des contraintes pour ceux qui sont dans le coeur de parc et qui y sont soumis. Donc il faut qu’elle soit claire et comprise et il faut effectivement que nous nous organisions pour répondre le plus vite possible aux demandes des agriculteurs, reconnaît-elle.

Je ne dis pas que c’est parfait et on va trouver des moyens de progresser si il y a besoin de progresser.”


A l’issue de la manifestation du mardi 22 octobre, agriculteurs et direction du parc ont renouvelé leur souhait de constituer un groupe de travail.

Il devrait permettre de préciser l’ensemble de la réglementation qui régit le cœur du parc et ainsi mieux l’expliquer à ses habitants.
 
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