En marge de la réouverture du Parc à loups de Gevaudan, en Lozère, vendredi 17 juillet, des éleveurs de brebis se sont alarmés de l'attaque mortelle, la veille, de loups sur leurs troupeaux du Mont Lozère. Ils espèrent que les autorités vont leur venir en aide.
Les éleveurs de brebis ne sont pas venus au Parc des loups de Gevaudan, en Lozère, pour écouter religieusement les discours des élus et des institutions. En marge de l'inauguration pour la réouverture de ce parc, ce vendredi 17 juillet, ils ont voulu pousser un coup de gueule pour sauver leurs brebis. Plusieurs syndicats agricoles se sont déplacés à l'inauguration, mais aucune action collective n'a été menée.
Onze brebis tuées, trois blessées
Ce matin, les éleveurs du Mont Lozère ont eu la mauvaise surprise de découvrir onze de leurs brebis tuées et trois blessées à l'issue d'une "probable" selon eux attaque de loups la veille. "Le bilan peut encore s'alourdir", déplore Olivier Maurin, éleveur transhumant sur le territoire et président de l'IGP Agneau de Lozère Elovel. Malgré la surveillance en permanence d'un berger et d'un aide-berger, le brouillard présent jeudi sur le mont a rendu impossible le sauvetage des brebis. "Le loup a le dessus dans ces conditions, on ne peut pas y faire face.".Celui qui est également depuis le 23 mai dernier maire de Prévenchères, village de quelque 250 habitants, ne cache pas son inquiétude pour l'été. "On a basculé dans un été pourri." Il est sûr que ce genre d'incidents va se reproduire. "On connait ce prédateur. On a la pression sur l'estive, le loup va revenir la semaine prochaine."On a basculé dans un été pourri
Les quatre éleveurs du mont vont prêter main forte aux bergers pour surveiller leurs troupeaux. "On est déjà à 80 heures de travail par semaine, on n'a pas une minute de tranquilité avec nos familles", peste t-il. Lors de l'été 2019, une vingtaine de brebis du Mont Lozère ont été tuées, une trentaine ont été portées disparues selon Olivier Maurin. En France, quelque 13 000 brebis sont mortes l'été dernier.
"On vit la prédation, on la subit"
Alors ce vendredi à Gevaudan, Olivier Maurin en a profité pour s'entretenir avec les services de la préfecture pour faire part de ses doléances et demander plus de protection pour lui et ses confrères éleveurs. "Les mesures de protection actuelle sont dépassées", déplore-t-il. Les éleveurs souhaitent notamment pouvoir faire "des tirs de défense" sur les loups lorsque leurs brebis sont attaquées, que des louvetiers armés viennent prêter main forte aux bergers en cas d'attaque. Et surtout que l'espèce, qui a fait son retour en 2011 en Lozère, soit régulée. "On veut que ces espèces arrêtent d'être surprotégées, elles ne sont plus menacées aujourd'hui. On vit la prédation, on la subit."S'il salue la réouverture du parc, "un atout touristique de la Lozère", il faut pour lui "distinguer les loups en semi-liberté", comme c'est le cas à Gevaudan, et "les loups dans la nature sur les massifs. La cohabitation entre brebis et loups n'est pas compatible". La prévention est pour lui essentielle. Le parc a annoncé que des films et vidéos seraient diffusés aux touristes pour montrer "l'impact physique et psychologique" de l'attaque de loups sur des troupeaux. "On souhaite que les citoyens comprennent la réalité des choses."
Olivier Maurin craint que la situation "ne dégénère". Il espère désormais retrouver "un pastoralisme de paix". Période qu'il situe avant 2011 et le retour des loups sur le Mont Lozère.