Les premières opérations de "blocage total" des prisons ont débuté ce lundi à l'aube à l'appel de syndicats de surveillants qui réclament plus de sécurité après l'agression de trois gardiens par un détenu jihadiste dans le Pas-de-Calais. Le mouvement est bien suivi en Occitanie.
"C'est une opération prison morte. Tout sera fait au ralenti. Les agents sont très déterminés", a déclaré à l'AFP Jean-François Forget de l'Ufap-Unsa Justice. Des débrayages ont déjà eu lieu dans plus d'un tiers des établissements pénitentiaires français, vendredi, au lendemain de l'agression qui a eu lieu à Vendin-le-Vieil.
Ce lundi matin, devant les établissements d'Occitanie, beaucoup de rassemblements de surveillants de prison ont été observés. Comme à Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées, plus d'une soixantaine de surveillants est actuellement rassemblée devant la centrale. Ils en interdisent l'accès et la sortie. Dans cet établissement, il y aurait des détenus radicalisés selon les organisations syndicales. Des détenus qui ne sont pas assez encadrés, estiment les surveillants. Ces derniers parlent même ''d'angélisme des pouvoirs publics dans le dossier de la radicalisation en prison".
Cet établissement accueille Georges Ibrahim Abdallah, militant communiste Libanais qui entame sa 33 ème année en prison. L'islamiste allemand Christian Ganczarski y a séjourné il y a un an et demi.
L'appel à ce mouvement "reconductible" est lancé par les trois syndicats l'Ufap-Unsa Justice, syndicat majoritaire, la CGT Pénitentiaire et FO Pénitentiaire. "Tant qu'on ne trouvera pas un chemin d'entente avec le gouvernement, on ne lâchera rien", a affirmé M. Forget qui dénonce ''l'impunité totale" dans les prisons. A Vendin-le-Vieil, à une trentaine de kilomètres au sud de Lille, une centaine de surveillants bloquaient à nouveau, "quasiment totalement", la prison lundi matin, a constaté une journaliste de l'AFP. La ministre de la Justice Nicole Belloubet doit se rendre mardi dans cette prison ultra-sécurisée du Pas-de-Calais, où trois gardiens ont été blessés jeudi à l'arme blanche par l'islamiste allemand Christian
Ganczarski, un des instigateurs de l'attentat contre la synagogue de Djerba (Tunisie), qui avait fait 21 morts en avril 2002.
Mêmes rassemblements à Tarbes, Seysses, Montauban, Perpignan, Montpellier...
A la maison d'arrêt de Seysses en Haute Garonne, 40% des surveillants seraient mobilisés selon les organisations syndicales. Le mouvement est là aussi mené par une intersyndicale. Les grévistes bloquent les accès. Les extractions judiciaires et les parloirs sont reportés jusqu'à nouvel ordre.Même mobilisation devant les établissements languedociens de Perpignan, Nîmes où les surveillants de prison se sont rassemblés dès l'aube pour montrer leur détermination et leur soutien avec leurs collègues de Vendin-Le-Vieil.
Cette agression "a mis en avant des défaillances au niveau de la sécurité", a souligné auprès de l'AFP Christopher Dorangeville, secrétaire général de la CGT Pénitentiaire. "Il faut plus de sécurité, plus de moyens, plus de personnel", a-t-il poursuivi. Samedi matin, le cabinet de la garde des Sceaux a reçu les syndicats, mais ceux-ci disent avoir quitté les discussions en "claquant la porte". "Aucune réponse concrète aux revendications portées par nos organisations syndicales respectives ne nous a été apportée afin de mettre un terme à l'absence de considération et de moyens,
notamment en matière de sécurité, au sein des établissements pénitentiaires", ont dénoncé les trois syndicats dans un communiqué commun.
Mission d'inspection dans les prisons
Le ministère de la Justice a demandé une mission d'inspection dans cette prison. Les investigations sur les circonstances de l'agression et les responsabilités "ont déjà commencé" et la garde des Sceaux "prendra les décisions adaptées dès la remise des conclusions", a indiqué samedi la chancellerie. Mme Belloubet "se rendra ensuite à Vendin-le-Vieil pour évoquer avec les personnels et leurs représentants les voies d'amélioration de leur sécurité". La ministre "ne sera pas accueillie tant que le directeur de Vendin-le-Vieil sera en place", a prévenu samedi Jean-François Forget à l'issue de la réunion place Vendôme.
Vendin-le-Vieil doit accueillir prochainement Salah Abdeslam, dernier survivant des commandos des attentats du 13 novembre 2015, lors de son procès en Belgique. Mme Belloubet a estimé qu'"il n'y a pas de raison de revenir sur cette décision", en dépit de cette agression. Abdeslam est actuellement incarcéré à Fleury-Mérogis près de Paris dans des conditions extrêmement rigoureuses, à l'isolement et sous vidéosurveillance permanente.