Chaque année, près de 15 millions de « goodies », autrement dit des objets publicitaires, sont distribués sur l’ensemble du Tour de France. Cette année, 160 véhicules représentants 31 marques longent les routes de la Grande Boucle. Et l’environnement dans tout ça ?
Nous sommes à Limoux. Il est 8h30. Sur un vaste parking, 160 véhicules publicitaires sont alignés, bichonnés par les "caravaniers" du Tour de France. Tous, attendent le départ. Ils parcourront 185 kilomètres de route, jusqu’à Foix Prat d’Albis.
Parmi eux, Jean-Pierre Dupraz joue un rôle essentiel : il est le régulateur des caravanes publicitaires du Tour de France. Ici, tout le monde le connaît et pour cause, c’est la dix-neuvième fois qu’il participe à la Grande Boucle.
Si les véhicules doivent rester proches, c’est pour une raison de sécurité. Jean-Pierre Dupraz et les 480 caravaniers doivent éviter l’accident.Quand nous sommes sur la route, l’ensemble des caravanes publicitaires forment un serpent de 12 kilomètres de long. Nous offrons jusqu’à 40 minutes de spectacle au public. Mon rôle est de faire en sorte que ce « serpent » reste compact. La voiture de tête, de la Garde Républicaine, qui ouvre la route, roule à une vitesse constante d’environ 40 kilomètres par heure. Plus nous approchons de l’arrivée, plus la vitesse baisse.
Les gens se précipitent pour récupérer les objets que nous distribuons, sans forcément faire attention aux véhicules qui arrivent à l’arrière. C’est pour cela que depuis quelques années, nous avons 4 véhicules info-sécurité qui font des annonces au public pour que les personnes restent bien sur les côtés. Cela ne sert à rien de traverser la route, la caravane distribue la même chose des deux côtés de la route.
Des goodies contestés
Justement, parlons des "goodies". Tant aimé du grand public, certains sont moins favorables à leur distribution. Il y a quelques semaines, des députés et ONG publiaient une tribune dénonçant les dégâts environnementaux causés par le passage de la caravane publicitaire et la distribution d’échantillons en tous genres, emballés par du plastique et pas souvent utiles.
Contactée par téléphone, Karine Bozzacchi, responsable de l’environnement sur le Tour de France, affirme :
Les marques feraient donc des efforts concernant la distribution de ces objets, parfois emballés "pour des raisons d’hygiène".Sur 31 marques présentes sur le Tour, 6 distribuent encore des produits emballés. Pour la plupart, ces plastiques sont biodégradables. Les partenaires n’ont aucun intérêt à ce que leur marque reste au sol. Chaque année, nous validons l’intérêt des objets proposés. Si cela n’apporte rien et peut potentiellement rester au sol, alors l’idée n’est pas retenue. De plus, les caravaniers ont des consignes : sur certains points de la carte, ils ne peuvent pas distribuer de produits. C’est le cas par exemple à proximité de cours d’eau ou de falaises.
Marion Moissonnier est responsable évènementielle dans le groupe Nestlé Waters. Nous la rencontrons à côté des caravanes d’une célèbre eau. La marque est partenaire du Tour de France depuis 11 ans. La caravane est située à l’arrière du parcours, après les 30 autres marques. Pourquoi ? Parce que les bouteilles d’eau sont distribuées au public de la main à la main pour des raisons de sécurité. Des bouteilles éco-conçues, fabriquées à partir de bouteilles recyclées.
Une quarantaine de personnes représentent la marque, dans leurs véhicules. Ce passage leur permet également, selon Marion Moissonnier, de "prendre le temps de faire passer leur message de sensibilisation" concernant l’environnement.Cela fait quelques années que le sujet de l’environnement fait partie de nos priorités. Le Tour de France est une plateforme de communication qui est très intéressante avec 10 à 12 millions de spectateurs présents sur le bord des routes chaque année, même si nous savons que notre message ne touchera pas tout le monde.
Laisser une route propre
Depuis 2011, une charte de tri est imposée à tous les acteurs du Tour de France, qu’ils soient coureurs, caravaniers ou journalistes. "Tout le monde est briefé en amont et pendant le Tour. Pour cela, une association nous accompagne au quotidien", insiste Karine Bozzacchi.
Pendant la Grande Boucle, chaque ville traite ses déchets.
En ce qui concerne les coureurs, eux aussi ont leur part de responsabilité. Depuis 2012, ils disposent de zones de collecte tout au long de leur parcours.Nous travaillons avec les villes hôtes (départ et arrivée), huit mois avant le départ du Tour. Nous rencontrons les acteurs locaux et nous mettons en place une stratégie : ils doivent fournir les containers et traiter leurs propres déchets et ceux occasionnés lors du passage du Tour. De plus, nous leur envoyons 100.000 sacs poubelles jaunes et gris.
Il en existe trois par étape (en amont et après la zone de ravitaillement). Les coureurs connaissent la signalétique qui les autorise à jeter leurs bidons ou déchets. Suite au passage de la course, des équipes viennent nettoyer ces zones de collecte. Il faut savoir également que si un coureur tend son bidon ou son déchet à une voiture, cette voiture doit récupérer cela, même si elle ne fait pas partie de son équipe.
Des espaces sensibles à préserver
Après l’Aude et le Gard, le Tour de France va traverser des territoires protégés et Natura 2000. Les coureurs traverseront le Parc National de la Vanoise, en Savoie.
C’est un milieu sensible. Il a été convenu que la caravane ne distribue pas de goodies sur une certaine portion du parcours. Elle ne doit pas mettre de la musique comme elle le fait habituellement. Aucun stationnement n'est autorisé. Une association albertvilloise sera également présente pour surveiller le passage du Tour. Nous protégeons la flore et les oiseaux.
Et les véhicules ?
Les véhicules du Tour de France se mettent-ils au vert ? Cette année et pour la première fois, quelques marquent testent des véhicules hybrides et électriques.
Nous espérons à très court terme avoir des véhicules plus propres qui ne mettront pas la course en péril.