A l'occasion de la journée mondiale de la gentillesse, ce dimanche 3 novembre, nous avons "mené l'enquête" sur ce qui, certes est loin d'être une spécificité française, mais connaît de vrais particularismes régionaux voire locaux.
Quand on se déplace régulièrement entre Toulouse et Montpellier, au sein même de la région Occitanie, on peut en perdre les pédales.
Deux bises pour dire bonjour (au revoir ou merci) à Toulouse, trois à Montpellier.... Deux à Perpignan mais trois à Rodez... La journée mondiale de la gentillesse, ce dimanche 3 novembre, nous donne l'occasion de nous pencher sur ce sujet. Préparez vos joues !
Particularismes régionaux ou locaux
La bise, habitude sociale, est aussi un phénomène régional. Ainsi, on fait trois bises à Montpellier, Rodez et plutôt deux dans le reste de la région Occitanie.Les études très sérieuses menées à ce sujet montrent qu'à l'intérieur d'une même région les différences peuvent être importantes. Il n'y a donc pas que l'Occitanie qui est coupée en deux entre la double et la triple bise.
Le chercheur Mathieu Avanzi, qui scrute les particularismes régionaux en matière d'usage des expressions en Français et des habitudes sociales, a dressé un carte de la France des bises.
On y voit clairement que la majorité des Français (en jaune) font deux bises, qu'une partie du sud (et de la Suisse romande) sont à trois bises et dans l'ouest autour de la Loire, dans une partie de la Normandie et de la Bourgogne, quatre bises sont en vigueur alors qu'une seule est nécessaire dans le Finistère et en Belgique.
Jusqu'à 5 bises !
Un site internet existe (justement baptisé combiendebises.com) qui recense par auto-déclaration les habitudes des Français, département par département. Il a été lancé il y a quelques années par un ingénieur informatique, Gilles Debunne, depuis installé à Toulouse.Vous cliquez sur votre département vous déclarez combien de bises vous effectuez (et aussi par quelle joue vous commencez, la droite ou la gauche) mais là on va laisser tomber c'est un autre sujet) et on obtient alors des statistiques, qui, avec une marge d'erreur faible malgré quelques plaisantins, dressent à peu près la même carte de France.
L'occasion de découvrir que dans un même département, on peut avoir une écrasante majorité, par exemple pour les deux bises, mais des particularismes locaux : exemple, dans le département du Tarn-et-Garonne, où si 86 % des votants indiquent faire deux bises, 6 % déclarent tout de même en faire... cinq !
Moquerie des étrangers...
Ces habitudes françaises surprennent les étrangers qui se rendent dans notre pays. Dans certaines sociétés occidentales, il n'y a pas cette tradition et toucher la joue d'une personne (parfois) inconnue en faisant un bruit bizarre avec la bouche surprend encore beaucoup de monde.En 2016, le comédien britannique et francophile Paul Taylor a mis en ligne une vidéo où il fustige avec humour cette tradition bien française.
La vidéo avait eu un très grand succès. Toujours en ligne, elle compte actuellement plus de 3 millions de vues au compteur sur Youtube.
Traditions locales aux origines inconnues
Cet article est intitulé "Pourquoi fait-on deux bises à Toulouse, etc...". Il n'y a pas tromperie sur la marchandise ni fausse promesse, mais il faut bien le reconnaître, il est impossible de répondre à la question "Pourquoi" !Auteure de "Pourquoi la politesse ?", la psychosociologue Dominique Picard, professeur émérite à l'université Paris XIII est spécialiste des interactions humaines, explique que le phénomène de la bise, tel qu'on le connaît actuellement, n'est sorti de la cellule familiale que récemment.
Mais pas d'indice sur les spécificités régionales, départementales ou locales. Pourquoi deux bises ici, trois là et cinq ailleurs ? Sauf à se pencher sur les origines de ce contact physique. Dans l'ancien régime, les nobles préféraient le baise-main, parfois sans que les lèvres ne touchent la peau. La bise, c'était plutôt pour les paysans. Notre tradition française serait donc liée à nos origines rurales. A méditer.La bise était surtout réservée aux très proches, aux membres de la famille. Les jeunes femmes s'embrassaient déjà entre elles au XIXème siècle, mais que les garçons et les filles le fassent quand ils sont jeunes, cela date vraiment des années 1970.
A lire pour compléter :
- "Parlez-vous (les) Français ?" (éditions Armand Colin) que Mathieu Avanzi vient de publier, une sorte d'atlas des différentes expressions par régions.
- "Pourquoi la politesse ?" (éditions Seuil) de Dominique Picard