« Ô la belle vie » s’installe à Céret, dans les Pyrénées-Orientales. Une ville où ont séjourné les plus grands peintres du XXème siècle, comme Braque ou Picasso. Haut lieu de l’histoire de l’art moderne, la cité catalane n’a rien perdu de sa fibre artistique.
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Dans « Ô la belle vie », Sophie Jovillard, nous emmène sur les traces des peintres qui ont vécu ou séjourné à Céret. Des artistes qui ont bouleversé l’histoire de la peinture du XXème siècle. De renommée inébranlable, la cité catalane est devenue un lieu incontournable de l’histoire de l’art.
Aujourd’hui encore, de nombreux artistes évoluent dans la ville. Sophie nous fait découvrir le travail de certains d’entre-eux. Jordi, un artiste du cru, Fas, un peintre qui s’inscrit dans la mouvance du street-art ou encore Romer Kitching, un jeune artiste anglais, qui, comme ses prédécesseurs, s’inspire du paysage cérétan.
Début du XXème siècle : L’empreinte des grands maîtres de la peinture
Adossée au massif des Albères, dans la vallée du Vallespir, la ville de Céret dans les Pyrénées-Orientales, s’est forgée une solide réputation dans le monde l’art. Ville des peintres et capitale du cubisme, le critique d’art André Salmon, la désigne, en 1950, « la mecque du cubisme ».
En 1911, pour les vacances d’été, le sculpteur catalan Manolo, invite Pablo Picasso chez lui à Céret. Picasso y retrouve ses amis artistes : Franck Burty Haviland et Déodat de Séverac. Georges Braque finit par les rejoindre. Puis, Juan Gris. Les fondements du cubisme sont en place. Un mouvement qui marque le début de l’art moderne. Les sujets et la nature y sont représentés sous des formes géographiques simples et la matière s'invite dans les oeuvres.
Dans le cubisme, on intègre des lettres, des journaux, comme "l’Indépendant", le journal local, collé par les peintres (…) On est sur les prémices de ce que sera la peinture du XXIème siècle.
En 1916, le peintre Pierre Brune, fidèle à la cité catalane, s’installe dans sa maison du Castellas. Plus tard, il y accueille un groupe de peintres dont ses amis Maurice Loutreuil, le russe Pinchus Krémègne, ou encore André Masson.
Céret attire. Tel un essaim dans une ruche. D’abord par ses racines, puis par l’éclat du soleil catalan, mais surtout, par son réseau. A partir de 1910, les peintres de l’école de Paris, de Montmartre à Montparnasse arrivent nombreux à Céret. Il faut dire qu’en 1919, la ville est déjà une référence dans le monde de l’art :
Le cubisme a été une telle révolution au point de vue pictural et sociétal - puisqu’on a tellement parlé de cette nouvelle vision des choses - que les artistes ont voulu voir où Braque et Picasso avaient travaillé, pour s’inscrire dans leurs pas et travailler sur les mêmes motifs.
L’ombrageux peintre russe Chaïm Soutine, est envoyé à Céret en 1919, par son marchand d’art. L’artiste marque son passage dans la cité catalane par plusieurs de ses œuvres dont les carcasses de bouchers, une série « les bœufs écorchés » que lui inspire à Céret, l’étal du boucher d’en face. Ses natures mortes et ses paysages sont animés par une nature tourmentée avec ses maisons et arbres penchés, aux troncs rouge vif, toujours prêts à basculer. Les habitants le surnomment el pintre brut, le peintre sale.
La vie n’était pas toujours rose pour les artistes qui vivaient rarement de leur art. Des peintres très désargentés à l’époque. Quand Loutreuil arrive à Céret, il est accueilli par son ami Pinchus Krémègne qui dit « J’ai vu des Tolstoïens arriver ».
Des Tolstoïens, c’était des pacifistes, pratiquement des anarchistes, un peu vagabonds.
Dans une de ses lettres, le peintre Maurice Loutreuil, précise "Je dois faire attention à tout". Sa lettre se termine par une belle formule qui caractérise beaucoup d’artistes, souvent attirés par une forme de vie libre, détachée des considérations matérielles :
Voilà quelle est notre vie de forçat, mais nous n’en voudrions pas d’autres, tellement les autres vies nous semblent aujourd’hui, vides de sens.
En 1950, comme pour immortaliser cette époque extraordinaire, les deux peintres, Pierre Brune et Franck Burty-Haviland créent le Musée d’art moderne de Céret. Plusieurs artistes sont invités à offrir des toiles en guise de soutien et de témoignage. Picasso en offre une cinquantaine.
Aujourd’hui encore, le musée abrite une collection permanente de 3500 œuvres. Un trésor et une histoire qui attirent, hors temps de pandémie, de nombreux touristes.
Céret : sa lumière, ses couleurs, ses platanes, une constante source d’inspiration
Entre mer et montagne, Céret est une petite ville du Pays catalan où il fait bon vivre. Un climat tempéré. Des étés précoces. Des ruelles pavées qui desservent des petites places ombragées par des platanes centenaires. Des terrasses animées aux beaux jours, par les fêtes de tradition catalanes. Le chant des cigales, la tramontane et le frémissement de l'eau qui s'écoule des caniveaux. Ici, tout invite à la flânerie. Une ville du Sud où la lumière est reconnue pour être particulière. Un fait notoire. Depuis toujours, elle attire l’œil des artistes, booste les couleurs et cultive l’inspiration.
Au musée d’art moderne de Céret, Nathalie Gallissot, directrice et conservatrice en chef, montre à Sophie une des toiles de Maurice Loutreuil. « Les toits de Céret sont une source constante d’inspiration pour les artistes » lui précise-t-elle. « Surtout lorsqu’ils sont vus en hauteur ».
Des toits orangés, les platanes qui dominent, avec au fond, la chaine de montagne et le Canigou. Un point de vue privilégié pour les artistes.
Des paysages cérétans qui, tout au long des siècles, ont inspiré plusieurs générations de peintres. Aujourd’hui encore, de nombreux artistes décident de poser leurs valises dans la cité catalane. Toujours inspirés par l’extraordinaire lumière mais aussi fascinés par le passé de la ville et son aura.
Romer Kitching est un jeune peintre anglais. Après avoir vécu à Londres, puis fait l’école des arts de Florence en Italie, il décide de s’installer à Céret où il venait déjà en vacances avec ses parents, quand il était adolescent. Il peint dans la rue et s’inspire du décor cérétan dont les célèbres platanes. Certes, un attrait pour les paysages baignés de lumière, mais pas seulement, précise t-il à Sophie :
Céret est un endroit où l’artiste a un statut. Et ça c’est important.
Un héritage qui nous faire dire que la petite ville catalane n’a pas fini d’inspirer les artistes, venus d’ici ou d’ailleurs.
"Ô la belle vie": Céret, ville des peintres
Emission présentée par Sophie Jovillard. Réalisé par Flo Laval. Une coproduction France 3 Occitanie/Grand Angle Productions.
Diffusion le dimanche 25 avril 2021, à 12h55
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