A la Casa de la Generalitat de Perpinyà, le bureau de représentation catalane espagnole dans cette ville française des Pyrénées, on votait en nombre dimanche pour ou contre l'indépendance de la Catalogne.
"Depuis ce matin, ça ne désemplit pas", s'exclame Marc Soria, employé aux affaires catalanes à la mairie de Perpignan. En fait, à 11H00, deux heures après l'ouverture du bureau, 134 personnes avaient déjà voté, selon les chiffres fournis par un volontaire qui assure la bonne marche du scrutin consultatif, prévu jusqu'à 21H00.
Outre-Pyrénées, dans le nord-est de l'Espagne, les Catalans ont commencé à exprimer leur avis sur l'indépendance de leur territoire dans un vote symbolique puisque Madrid a interdit le référendum.
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Reportage : A.Grellier/J.Morch
"Ici à Perpignan, cette consultation aura une force politique très grande", juge Francesc Bitlloch, directeur d'école à la retraite, un bi-national venu apporter
son soutien à l'indépendance de la Catalogne du Sud et nondu Nord. "Non, non ce n'est pas pour changer le statut de la région (nord), mais pour les
gens qui se disent Catalans ici, ils auront un pays", ajoute M. Bitlloch, l'un des quelque soixante électeurs qui faisaient la queue devant le bureau. "Le fait d'avoir un Etat qui défend la langue catalane lui donne un prestige qu'elle n'a pas maintenant", explique-t-il . "Les Catalans sont une nation", clame-t-il.
Pour Marie Dabau, 85 ans, qui a du mal à se mouvoir sans l'aide d'une volontaire, "c'est un jour historique pour les Catalans". Cette femme arrivée en France à pied le 28 janvier 1939, à l'âge de 10 ans, s'extasie, les larmes dans les yeux. "C'est magnifique, ce n'est jamais arrivé". Cela dit, cette ancienne vendeuse de chaussures entend voter pour "faire connaître au gouvernement espagnol le nombre de personnes qui veulent voter", puisqu'il le leur a interdit.
"Qu'ils disent oui ou non" à l'indépendance, là n'est pas le problème. "Il faut qu'on sache, même à l'international, que le peuple catalan veut voter", ajoute
encore cette femme énergique. "Mais, moi je suis sincèrement favorable à l'indépendance", clame toutefois Marie Dabau.
Quelque 500 votants étaient attendus à l'antenne catalane espagnole de Perpignan, mais il y a aussi un bureau ouvert à Paris. Bien sûr, les votes des Catalans français ne compteront pas mais ils sont acceptés comme "votes de solidarité: nuls mais comptabilisés", explique M. Soria. "Pour qu'un vote soit valable il faut la nationalité espagnole".
A l'extérieur du bureau, M. Soria fait signer une pétition "pour demander que l'Espagne permette des choix démocratiques".