Des platanes menacés d'abattage à Céret. Le collectif "Bien vivre en Vallespir" se mobilise. Sept spécimens seraient concernés sur une cinquantaine d'arbres, gênants pour un projet de requalification urbaine. Un projet mené par la municipalité dans le quartier "en déshérence" de l'ancienne gare. Le Maire, Michel Coste, s'interroge sur la polémique et déplore "une réaction purement réactionnaire".
"Je veux vivre", "je veux rester debout" ou encore "sauvez-moi". Voici ce qu'on pouvait lire sur les banderoles installées sur des platanes à l'entrée de Céret, déployées par le collectif "Bien vivre en Vallespir".
Farouche opposant à l'abattage de sept platanes dans le cadre d'un projet de réaménagement du secteur de l'ancienne gare, le collectif s'interroge sur la nécessité même du programme immobilier.
Le département est devenu fou, on construit partout. Il prévoit 35 000 logements de plus. Ici (à Céret) c'est 152 logements, c'est Vileneuve-de-la-Raho avec le golf et 500 logements. Faut arrêter. Quand on sait que le département en 2021 a dépassé de 68% les quotas de la loi climat, ça pose problème.
Daniel Bouix, collectif " Vivre en Vallespir "
En effet, la friche industrielle de l'ancienne gare, à l'entrée de Céret, est au cœur d'un vaste projet de réaménagement de plus de deux hectares et demi.
C'est une convention qu'on a avec l'Etat de créer un nouveau quartier. On a voulu créer une sorte de deuxième centralité à Céret pour mettre en lien les quartiers autour de la gare avec de l'immobilier accessible aux jeunes couples, 30% d'immobilier social et une requalification du bâtiment de la gare qui deviendrait une annexe de la Mairie. Il y aurait des services publics et autour des commerces de proximité.
Michel Coste, Maire de Céret
Selon le promoteur, l'implantation du projet immobilier nécessite d'abattre les sept arbres identifiés. Mais pour les opposants, d'autres alternatives sont possibles.
Je pense qu'il y a d'autres solutions. Il faut préserver ces arbres. On doit être en harmonie avec la nature, s'adapter. Elle est là donc si on doit construire, on doit construire mais surtout ne pas détruire le vivant.
Pascal Guillemand, paysan du Vallespir
"On est obligé d'abattre ces platanes, ils posent un problème de sécurité sur les nouveaux accès" affirme le Maire qui s'interroge sur les fondements mêmes de la polémique pour des platanes d'alignement de voirie et parle d'une "radicalité dangereuse".
Les platanes c'est l'identité de Céret. Abattre pour abattre, çà je ne le ferai jamais. On est sur une friche industrielle qui est en déshérence depuis plus de soixante ans. On la dépollue, on la végétalise avec la création de plus de 30% supplémentaires de végétal, 180 arbres, des essences méditerranéennes moins consommatrices d'eau. Il y aura des bâtiments avec des énergies renouvelables, de la récupération d'eau de pluie. Je suis politiquement présent sur le combat de la biodiversité des forêts par exemple mais là, le combat je ne vois pas. Je ne comprends pas cette réaction purement réactionnaire.
Michel Coste, Maire de Céret
L'hôtel social, actuellement présent sur zone, serait également réintégré dans la vie de ce quartier, "créant de la mixité et du lien social" dans une démarche de reconquête de friche. Mais les arguments du Maire n'ont visiblement pas trouvé écho parmi les opposants qui continuent de s'insurger pour le maintien coûte que coûte des sept platanes en sursis.
Des arbres centenaires, il faut les préserver. Ce sont des puits à carbone. Ils nous disent on va replanter des arbres mais des jeunes arbres, ils vont les arroser avec quoi? On est en pénurie d'eau. Ces arbres sont habitués à la sécheresse, donc il faut les préserver à tout prix.
Daniel Bouix, collectif " Vivre en Vallespir "
En campagne dans les rues du centre-ville pour dénoncer le projet, les militants de "Bien vivre en Vallespir" rappellent aux habitants de Céret qu'une concertation d'utilité publique est en cours. Les cérétans ont donc jusqu'au 24 janvier pour se prononcer sur le sujet. Quant au projet de requalification urbaine, il devrait voir le jour dès 2024 et s'étendrait sur environ six ans.