C'est l'histoire d'une belle aventure, d'une parenthèse de bonheur, pour un groupe de sept femmes qui luttent contre le cancer. Accompagnées d'une vingtaine de bénévoles, les catalanes se sont données comme défi de participer à la mythique Vogalonga de Venise, une régate qui rassemble chaque année quelques 2000 embarcations à rames.
Elles s'appellent Brigitte, Martine, Marie, Mireille, Virginie, Céline et Corinne. Des Catalanes au caractère bien trempé. Toutes atteintes d'un cancer, elles ont décidé, ensemble, de se lancer un défi : participer à la célèbre Vogalonga de Venise, une régate à la rame mais sans esprit de compétition de 32 km à laquelle sont inscrits plus de 6000 rameurs venus de toute l'Europe.
Venise, une parenthèse magique
Départ de Perpignan à 5 heures du matin. Le llagut (barque catalane) accroché à l'arrière du minibus, la joyeuse équipe découvre la cité des Doges après 14 heures de route. Un long périple mais qui en vaut la peine pour Marie, qui découvre Venise pour la première fois.
J'en ai la chair de poule, c'est tellement beau. Le canal, les gondoles, des bâtiments plus beaux les uns que les autres ... on a toutes le sourire.
Marie
Bonne humeur et émerveillement, de quoi faire un peu oublier la maladie à Brigitte : "Il y a eu des moments compliqués. Il y en a encore. Et puis là, c'est la parenthèse magique. C'est sortie de notre quotidien pour vivre un truc waouh !".
Pour chacune de ces femmes, l'aventure à Venise ne fait que commencer. C'est le troisième défi organisé par l'association Equilibre 66 - La maison Entre-Parenthèse. Créée par Joëlle et Christian Estève en 2015, la Maison Entre-Parenthèse est une association qui a pour vocation d'accompagner des femmes atteintes d'un cancer ou qui sont en phase de rémission.
Aujourd'hui, je ne vois plus la maladie comme quelque chose de terrible. Ça fait partie de ma vie où j'ai relevé des défis comme le Canigou en 2019 puis en 2022. Et maintenant, cette randonnée à la rame. Des choses que je n'aurais jamais accompli dans mon quotidien.
Marie
Leur permettre de surmonter la maladie avec des ateliers de soutien, de soins et beauté, des programmes de bien-être, de loisirs mais aussi à travers des défis sportifs, telle est la raison d'être de l'association perpignanaise grâce à la longue expérience de Joëlle, éducatrice sportive et citoyenne engagée pour le bien être des personnes malades ou bien séniors.
On parle beaucoup de la détresse psychologique, de la détresse physique après les opérations. Mais souvent, on oublie de parler de la détresse affective. Parce que tout n'est plus pareil. Il y a l'après cancer, il y a l'avant et entre les deux, il y a cette parenthèse où l'on va s'occuper de soi.
Joëlle Estève, Présidente de Equilibre 66 "la Maison Entre-Parenthès
La Vogalonga un challenge contre la maladie
Il y a cinq ans Martine apprend qu'elle a un cancer du sein. Bien décidée cependant à profiter de la vie, les quelques jours passés à Venise sont une sorte de renaissance.
Je suis en rémission. Chaque jour que nous passons à Venise me permettent d'oublier mes soucis de santé, toutes les épreuves que j'ai traversées. Je me concentre sur tout ce qui est beau.
Martine
Brigitte, elle aussi découvre les beautés de Venise pour la toute première fois grâce à Equilibre 66-Maison Entre-Parenthèses. Qu'on soit bénévole ou malade, l'association catalane permet à la fois d'échanger et de s'épauler mutuellement. Le cancer de Brigitte a été diagnostiqué en 2021. Une maladie envahissante et difficile à vivre au quotidien de par ses traitements mais aussi le regard de l'entourage aussi bienveillant soit-il.
En famille, je suis considérée comme une malade alors qu'à la "Maison Entre-Parenthèses" je fais des activités, pleins de choses. C'est juste bon. Je ne suis plus malade quand je suis avec la "Maison Entre-Parenthèses".
Brigitte
De la visite de l'opéra de la Fenice à la Place Saint-Marc, c'est avec des yeux émerveillés et le coeur rempli de courage que nos concurrentes prennent le départ de la Vogalonga devant la basilique Santa Maria della Salute. Tout un symbole.
Toujours aller plus loin dans ses possibilités, ses capacités. S'étonner. J'ai pas du tout le pied marin et je me retrouve dans une barque sans gilet de sauvetage !
Marie
Après quatre mois de préparation physique supervisée par le club GranyotaRem d'Arelès-sur-Mer et son président Bernard Maso qui est également du voyage, la lagune s'offre à eux pour une course très personnelle, sans complexe et sans esprit de compétition aux côtés de pas moins de 6.000 participants et de 2.000 embarcations venues de toute l'Europe. Un rêve qui se réalise pour nos Wonder Women catalanes qui rentrent au Pays avec une barque remplie de merveilleux souvenirs.
C'était extraordinaire. C'est un rêve qui s'est concrétisé. On a relevé le défi et on a toutes réussi.
Martine