Coronavirus et économie : inquiétude et pétition des chefs d’entreprise des Pyrénées-Orientales

La situation économique et sociale est inédite. Et malgré les mesures de chômage partiel et les aides de l’Etat pour faire face à la crise actuelle, l’inquiétude des chefs d’entreprise est grande dans les Pyrénées-Orientales. Une pétition est lancée.

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Le bilan du Covid-19 sur l’économie du département est déjà une dure réalité. Quinze jours après la mise en place du confinement sanitaire visant à freiner la propagation du virus, plus de 9 000 salariés sont aujourd’hui au chômage partiel dans les Pyrénées-Orientales. 1 156 entreprises sont touchées.
Une pétition, lancée par des chefs d'entreprises dont des chefs étoilés français, signée par la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) et par l'Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), premier syndicat patronal des cafés, hôtels, restaurants et établissements de nuit, demande aux assurances la prise en charge des pertes d'exploitation. Elle est relayée dans les Pyrénées-Orientales par Thierry Astruc, restaurateur et traiteur de Perpignan.

La pandémie classée catastrophe naturelle  sanitaire ?

Ça va mal. La première fois que je suis rentré dans mon restaurant vide, j’ai pleuré. Je me suis dit « je vis un cauchemar ».
(Thierry Astruc, restaurateur et traiteur  à Perpignan)

Depuis que l’activité a cessé, ses onze salariés sont au chômage partiel. En tant que travailleur non salarié, le restaurateur et traiteur perpignanais n'a plus de rentrée d’argent. Toutes les manifestations comme les mariages sont annulées ou repoussées. Certes, il bénéficie du report de charges mais qu'il lui faudra payer une fois la reprise de l'activité.

Aujourd’hui, ils sont ainsi de nombreux restaurateurs à demander aux assurances, via une pétition en ligne, une prise en compte totale ou partielle de leur perte d’exploitation. Mais la majeure partie des compagnies ne reconnaissent pas la pandémie:

Il faudrait que l’Etat classe la pandémie parmi les catastrophes naturelles. 

Pour l'après-confinemente et la reprise, il se dit pessimiste : "Je crains que l’on ne reprenne pas de suite à 100 %. Nos clients vont-ils avoir peur de ressortir ? Est-ce que l’on va nous imposer un service avec des gants et masques, avec une distance d’un mètre entre les couverts ?"  

On risque de découvrir les dégâts dans 6 mois voire un an quand la vague sera passée. Après les morts du Covid on risque d’avoir des morts sociales. Si tu n’as pas un peu de trésorerie aujourd’hui tu meurs. 

En attendant, il assure un service de livraison pour le portage de plats et autres marchandises à domicile. 

D'autres chefs d'entreprise partagent ce combat


Franck Stival,
PDG groupe automobile SCALA (Pamiers, Narbonne, Perpignan)

 

Dans ce groupe de concessions automobiles, 160 personnes sont concernées par le chômage partiel. Les salariés touchent donc 84 % de leur salaire net, soit 70 % du brut. Ceux payés au SMIC touchent la totalité sans perte de salaire. Pour les commerciaux qui sont au commissionnement, c'est le salaire du mois de février qui sert de référence avec l'application d'un prorata des 84 %.  Reste à savoir si le chômage partiel sera réglé par l’Etat dans des délais raisonnables. 

Quelle sécurité sanitaire pour les salariés ?

"Nous allons équiper tout le personnel de masques et de gants en vue de la reprise. Nous avons commandé des plaques de plexiglas pour installer des barrières de protection sur les bureaux et pouvoir rependre ainsi l’activité de manière sereine sur le plan sanitaire."

Comment voyez-vous l'avenir ?

Concernant l’aspect économique pour l'avenir, c’est l’inconnue. 

"Est-ce que les clients auront envie de consommer après avoir parfois thésaurisé ? Ou au contraire auront-ils moins envie de consommer parce ce qu’ils auront pris d’autres habitudes ? On s’interroge. Le facteur clé ce sera l’envie, c’est l’envie de consommer qui créera la dynamique. Cette dynamique elle est déjà présente chez le personnel avec lequel j’échange sur les réseaux sociaux."

L'activité a été stoppé dès l’annonce des mesures de confinement le 17 mars dernier. Actuellement, seul un service minimum pour les urgences (personnel médical) est assuré sur demande via un numéro spécial : 06.50.80.49.65.



Henri Quinta,
chef de l'entreprise de tissage « Les Toiles du Soleil » 
Usine implantée à Saint-Laurent-de-Cerdans, magasins à Perpignan et Paris

 
Les magasins de Perpignan et Paris de cette célèbre fabrique de tissus aux couleurs notamment catalanes ont fermé dès le 15 mars. L’usine de Saint-Laurens-de-Cerdans a continué à tourner au ralenti pendant quelques jours avant d'être arrêtée complètement.

Quelle décision avez-vous prise dès l'annonce du confinement ?

Les salariés avaient peur et souhaitaient arrêter. Continuer dans ces conditions n’était plus possible, mieux valait saisir l’opportunité du chômage partiel et leur permettre de rester chez eux. 

On pourrait prendre des dispositions en matière de congés mais certains ont déjà des engagements pour cet été. Nous ne pourrons pas imposer plus d’une semaine sous peine de récolter une mauvaise ambiance dans l’entreprise et ce n’est jamais bon. 

Il a fallu trouver des solutions ?

Ce que nous maintenons c’est la vente en ligne des «Toiles du Soleil» avec une personne qui prépare les commandes et les fait partir lorsque la Poste est ouverte, ce qui n’est pas tous les jours le cas. La vente en ligne progresse un peu mais ça ne rattrapera pas le chiffre d’affaire. La reprise s’annonce progressive et très difficile. Je souhaite un retour à la normale le plus vite possible mais on ne peut pas mettre les gens en danger sous prétexte d'une reprise économique.  



 
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