A Perpignan, le centre hospitalier souffre d’un important manque de moyens. Des tentes ont été installées sur le parking des urgences pédiatriques pour désengorger le service des urgences. Le personnel et les syndicats dénoncent cette situation et appellent à une grève illimitée.
“Entrée urgence valide. Tapez sur la toile de tente avant d’entrer”. Le message a de quoi surprendre. Scotché sur l’une des tentes installées devant les urgences pédiatriques, il indique le nouveau site de triage des patients : trois tentes installées pour accueillir les patients valides (qui peuvent se déplacer seuls).
“C’est la première fois que je vois ça, la salle d’attente est sur le parking”, s’étonne un père venu avec son fils. “C’est bizarre, mais on s’adapte”, témoigne une mère qui patiente dans le vent avec son fils.
Une solution temporaire face à la saturation des urgences
Ces tentes sont installées depuis dimanche sur le parking du centre hospitalier de Perpignan. Une mesure d’urgence pour désengorger les urgences qui étaient saturées. “La situation était critique”, raconte François Sanchez, le représentant FO du personnel de l’hôpital de Perpignan. “Vendredi soir, il ne nous restait que 3 à 5 lits de disponibles donc une veille de week-end ça laissait présager de grosses difficultés dans la prise en charge de nos malades.”
Dans ces tentes, habituellement réservées aux catastrophes et montées par les pompiers des Pyrénées-Orientales, le personnel soignant reçoit et oriente chaque malade qui se présente vers les urgences ou en direction de cabinets médicaux en fonction de la pathologie présentée.
C’est surprenant puisque nous sommes dans une période d’activité assez calme. On a peur pour cet été lorsque les touristes arriveront
Christophe Garcia, représentant CGT des pompiers
Deux infirmiers des pompiers et trois sapeurs-pompiers y exercent actuellement. “C’est la première fois que ça se produit dans le département”, explique Christophe Garcia, le représentant CGT des pompiers. “Nous avons monté un poste médical avancé, un hôpital de campagne en fait, et c’est surprenant puisque nous sommes dans une période d’activité assez calme. On a peur pour cet été lorsque les touristes arriveront. Et c’est aussi surprenant de devoir monter ces structures pour pallier aux carences de l’hôpital. La situation nous paraît assez rocambolesque."
Un manque de moyens et de personnel
Pour les syndicats, l’installation de ce centre de tri de fortune est le révélateur d’un problème structurel, bien antérieur à la crise sanitaire. L’hôpital manque de moyens financiers et humains. "Ça démontre le malaise qui est total à l’hôpital de Perpignan. Ça démontre aussi les difficultés de prise en charge des patients auxquelles le personnel fait face chaque jour”, déplore François Sanchez. “Nous sommes obligés de dégager l’espace à l’intérieur des urgences car nous manquons cruellement de lits d’avals, ce sont les lits des services de spécialités de l’hôpital.”
Un mouvement social avait déjà été décidé en 2019, mais depuis, la situation n’a fait que s'aggraver avec le covid. “Déjà à l’époque, il nous manquait la moitié des médecins nécessaires pour faire tourner le service”, témoigne le représentant du personnel. “On faisait face à de grosses difficultés de prise en charge, une grosse désorganisation médicale et ça perdure aujourd’hui.” D’après le personnel de l’hôpital, le temps de prise en charge actuellement aux urgences peut aller jusqu’à 24 heures.
Le personnel en grève dès samedi
Les membres de l’équipe médicale sont éreintés, et la prise en charge des patients dégradée. Pour protester contre cette situation, les syndicats viennent de déposer un préavis de grève illimitée. Elle sera effective dès samedi 9h, mais restera symbolique étant donné le manque de personnel dans les services.
Ils se sont aussi regroupés ce lundi 7 février sur le parking de l'hôpital et ont respecté une minute de silence contre le manque de moyens dont ils sont victimes.
Les tentes n’ont pas vocation à rester sur le parking des urgences pédiatriques. Elles devraient être démontées demain au plus tard.
La direction du centre hospitalier de Perpignan se refuse à tout commentaire.