C'est une maladie qui se transmet par piqûre de moucherons et décime principalement les troupeaux de brebis. Après 15 ans d'absence, la fièvre catarrhale ovine est de retour dans les Pyrénées-Orientales avec une souche particulièrement mortelle. Dans la vallée du Haut Vallespir où le virus est réapparu, toutes les exploitations sont concernées et l'inquiétude est grande.
À Prats-de-Mollo (Pyrénées-Orientales), l'inquiétude se devine dans le regard de Stéphane Ryckbosch. Le jeune éleveur de brebis a perdu plus d'un tiers de son troupeau en moins d'un mois à cause d'un virus disparu dans cette vallée depuis 15 ans : la fièvre catarrhale ovine, ou maladie de la langue bleue.
"Ça se traduit par un gonflement de la bouche, elles bavent et ce sont de gros aphtes qui les empêchent de manger et boire. Elles maigrissent et les brebis dépérissent en un jour ou deux grands maximum. Le problème est que nous sommes démunis car il n'y a rien à faire", témoigne Stéphane Ryckbosch, éleveur ovins.
Malgré une vaccination tardive pour tenter de sauver ses bêtes, chaque jour, de nouveau décès s'accumulent.
Ovins et bovins
Et il est loin d'être le seul... Cette nouvelle épidémie foudroyante n'épargne aucune exploitation du Haut Vallespir. Les vaches de Liên aussi ont contracté la maladie courant juin. Mais le virus est moins mortel chez les bovins.
Si aujourd'hui, la vache Patote semble tirée d'affaire, l'éleveuse s'inquiète pour les mois à venir. "Ce que nous appréhendons tous très fort, c'est ce qu'on va appeler les conséquences invisibles, c'est-à-dire les avortements, les naissances de veaux déformés, mal formés, non viables. Quand il y a eu la campagne de vaccination en 2008, cela a occasionné beaucoup de problèmes de ce type. Aujourd'hui, en sachant que le virus est encore plus virulent, on ne va pas y échapper", s'inquiète Liên Favard, éleveuse bovine.
Sans danger pour le consommateur
Depuis début juin, déjà une cinquantaine de foyers d'infection ont été recensés dans le département avec une souche particulièrement virulente.
Pour autant, le risque de contamination est nul pour le consommateur. "Sur les produits, viande, produits laitiers, fromages, yaourt, il n'y a aucun effet sur l'homme avec ces produits-là. Il faut être solidaire avec les agriculteurs et acheter plus que jamais les produits locaux pour essayer d'augmenter le revenu des éleveurs pour qu'ils s'en sortent", déclare Thomas Ribes, président du Syndicat agricole du Vallespir.
S'en sortir, là est tout l'enjeu. Après deux années de sécheresse, les éleveurs du Haut Vallespir espèrent maintenant survivre à cette nouvelle crise inédite et en appellent au soutien des pouvoirs publics.
Ecrit avec Laura-Laure Galy.