Journée cruciale pour la Catalogne ce vendredi 27 octobre : le Sénat espagnol se réunit pour voter l'utilisation de l'article 155, qui permettra la mise sous tutelle de la région.
Pourquoi le Sénat espagnol se réunit-il aujourd’hui ?
Le Sénat se réunit pour décider si oui ou non l’article 155 de la Constitution peut être utilisé par le gouvernement de Mariano Rajoy, autorisant ce dernier à placer la Catalogne sous tutelle.
Le Premier ministre espagnol a fait savoir samedi dernier qu’il entendait déclencher cet article, une première depuis l’adoption de la Constitution en 1978. Ce matin devant le Sénat réuni depuis 10 heures, Mariano Rajoy a formellement demandé la destitution de Carles Puigdemont, le président catalan.
Quelle devrait être l’issue du vote ?
Les débats au Sénat devraient durer tout l’après-midi. L’issue du vote devrait être favorable au chef du gouvernement, puisque les conservateurs disposent d’une majorité confortable. Le soutien du Parti socialiste et des libéraux du parti Ciudadanos devrait par ailleurs leur être assuré.
C’est sous les applaudissements que Mariano Rajoy a demandé la destitution de l’exécutif catalan.
Quelles conséquences si l’article 155 est utilisé ?
Dans son discours du 21 octobre, Mariano Rajoy a déclaré "On ne suspend pas l’autonomie de la Catalogne". Mais dans les faits, la région sera bel et bien mise sous tutelle. Outre la destitution des autorités actuelles, à commencer par Carles Puigdemont, le gouvernement prendra le contrôle de la police catalane, de son parlement, ainsi que de ses médias publics.
Après le vote du Sénat, de nouvelles élections régionales devraient être conduites "dans les six mois".
Que font les autorités catalanes pendant ce temps ?
Alors que le Sénat débat, dans le même temps le Parlement catalan se réunit lui aussi pour décider s’il vote ou non l’indépendance. Les partis séparatistes catalans ont présenté au parlement régional une résolution dans laquelle ils déclarent l'indépendance de leur région, a annoncé un porte-parole de la coalition indépendantiste au pouvoir en Catalogne.
"Nous déclarons la Catalogne comme Etat indépendant sous forme de République", peut-on lire dans le préambule de cette résolution. Celle-ci doit maintenant être soumise au vote.
Plusieurs fois cette semaine, Carles Puigdemont était supposé proclamer la sécession de la région. Il avait en effet menacé de le faire si Rajoy annonçait vouloir utiliser l’article 155, mais il s’est finalement abstenu. Même confusion ce jeudi 26 octobre : le président catalan devait annoncer la tenue d’élections régionales anticipées, ce qu’il a finalement exclu faute de garanties suffisantes de la part de Madrid. Il a donc laissé au parlement la responsabilité de déclarer ou non l'indépendance.
Les Catalans veulent-ils tous l’indépendance ?
Non. Ils sont au contraire très partagés sur la question. Lors du référendum du 1er octobre sur l’indépendance, le "oui" l’a emporté à 90%. Mais la participation n’était que de 43%.
Au sein même des indépendantistes, des divisions ont pu être observées ces derniers jours. Certains hésitent à aller jusqu'au bout, d'autant que des poursuites judiciaires pourraient être envisageables.
Par ailleurs, la Catalogne est confrontée à la fuite d’entreprises (plus de 1 600 depuis le début du mois), effrayées par l’instabilité. Le doute qui plane sur les conséquences économiques éventuelles de l'indépendance fait donc que certains craignent la sécession.
Mais les indépendantistes s'activent : l'Assemblée nationale catalane, a appelé à manifester devant le Parlement catalan ce matin pour demander l'indépendance.
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