Destitutions des principaux dirigeants catalans, mise sous tutelle espagnole, manifestations pour l'unité du pays… On fait le point sur les événements de ce week-end.
C'est un séisme qui a secoué l'Espagne et l'Europe vendredi soir. Le Parlement catalan a voté pour l'indépendance de la Catalogne, à 70 voix pour, 10 seulement contre et 2 abstentions. Les membres du Parti socialiste, du parti populaire et de Ciudadanos avaient choisi de quitter l'hémicycle en signe de protestation.
Mise sous tutelle espagnol de la Catalogne
Quelques instants après le vote catalan de vendredi, c'est au tour du Sénat espagnol de prendre une décision historique. En effet, la chambre législative décide d'adopter la mise en application de l'article 155 de la Constitution.
C'est la première fois que l'article est voté depuis la création de la Constitution espagnole en 1978.
Cet article permet à l'Etat espagnol de suspendre l'autonomie de la région. Cela signifie que désormais, ce sont les ministres du pouvoir central qui administrent la Catalogne, qui était jusqu'ici autonome sur les questions de santé, l'éducation et les services sociaux notamment.
Destitutions en cascade
Après cette mise sous tutelle, Mariano Rajoy, président du gouvernement espagnol, procède immédiatement à des destitutions. Il commence par Carles Puigdemont, président de la communauté autonome catalane.
Il poursuit par celle de Josep Lluis Trapero, le chef des Mossos d'Esquadra, la police catalane. Cette destitution est officialisée le samedi. Au total, ce sont 150 personnes qui ont perdu leurs postes administratifs et institutionnels.
Avec ces destitutions, Mariano Rajoy annonce aussi la tenue exceptionnelles d'élections régionales le 21 décembre prochain en Catalogne. il déclare :
"Nous pensons qu'il est urgent d'entendre les citoyens catalans, tous les citoyens, de sorte qu'ils puissent décider leur avenir, et nul ne peut agir en leur nom en dehors de la loi".
Tout le personnel a interdiction d'accès à ses bureaux, sous peine d'être accusés d'usurpation de fonction.
Puigdemont nie sa destitution
Samedi, Carles Puigdemont refuse de reconnaître sa destitution. Il appelle ses concitoyens à mener "une opposition démocratique à l'article 155".
"Nous continuerons à oeuvrer pour construire un pays libre", a-t-il ajouté lors d'une allocution télévisés. Et d'ajouter : "La nouvelle étape dans laquelle nous sommes, nous devons y réagir de façon civique et pacifique."
Autre signe de rébellion, la version écrite de l'allocution diffusée en parallèle est signée "Carles Puigdemont, président de la Generalitat (gouvernement) de Catalogne".
Carles Puigdemont est aujourd'hui accusé de rébellion et risque jusqu'à 30 ans de prison.
Des manifestations pro-unité de l'Espagne dimanche à Barcelone
Dimanche, c'était au tour des défenseurs de l'union espagnole de se prononcer. Dans les rues de Barcelone, mais aussi de Madrid ou encore Séville, les manifestants pour l'unité du pays se font entendre.
Des slogans comme "Puigdemont en prison !" ou encore "La Catalogne c'est nous tous" fleurissent un peu partout dans le pays.
L'Espagne est aujourd'hui profondément divisée.
raconte une jeune mère, qui défend une Catalogne rattachée à l'Espagne."Entre amis, on est en train de se séparer de façon inédite. En famille, on évite d'aborder le sujet sinon on ne termine pas le repas"