Un an après la disparition de Fiona, de nouvelles fouilles ont été entreprises sans succès, mardi, près de Clermont-Ferrand pour tenter de retrouver le corps de la fillette de 5 ans, en présence de son beau-père, puis de sa mère, tous deux incarcérés dans cette affaire.
En survêtement noir, Berkane Maklouf, 33 ans, est arrivé à 10H10 dans un fourgon cellulaire, aux abords du lac d'Aydat, avant de regagner la maison d'arrêt de Villefranche-sur-Saône (Rhône) à la mi-journée.
Vers 15H15, Cécile Bourgeon, 26 ans, vêtue de sombre et menottée, a été transportée à son tour sur les lieux au côté de son avocat, Me Gilles-Jean Portejoie, tandis que les nombreux médias étaient tenus à distance.
Maître Portejoie, avocat de Cécile Bourgeon, est interviewé par Valérie Riffard
Les recherches ont pris fin vers 18H00, sans que le corps ne soit retrouvé. C'est sur ces lieux, à une vingtaine de kilomètres au sud de Clermont-Ferrand, que ce couple de toxicomanes affirme avoir enterré la fillette, nue, en lisière de forêt, le 12 mai 2013, date de l'annonce de sa disparition. Mais leurs souvenirs sont confus et les trois déplacements déjà organisés en leur présence dans le secteur en septembre et octobre 2013, se sont révélés vains.
Dans la matinée, le cortège des véhicules de police a fait sept haltes, notamment pendant une vingtaine de minutes au Col de la Ventouse sous une averse de neige, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"A partir de l'itinéraire préparé par les enquêteurs, Makhlouf a marqué deux ou trois endroits précis qui pouvaient correspondre et avaient une similitude" avec ses souvenirs "mais sans être précis", a déclaré à l'AFP Me Mohamed Khanifar. L'un d'eux est situé à proximité de la RN 89, sur un chemin caillouteux, au lieu-dit Randanne sur la commune d'Aydat, a-t-il précisé.
Volonté de coopération
"Chaque fois, on s'est heurté aux limites de ses souvenirs et il aimerait bien avoir confirmation de sa compagne pour savoir si elle est en capacité de confirmer son sentiment", a poursuivi l'avocat soulignant que son client avait montré une "volonté de coopération".
Selon les aveux du couple, c'est la mère qui conduisait lorsqu'ils se sont rendus en lisière de forêt près du lac d'Aydat, pour ensevelir Fiona. Les enquêteurs vont donc "refaire le même itinéraire" mardi après-midi avec Cécile Bourgeon.
"La seule perspective favorable serait qu'elle marque un arrêt sur les même points. Mais s'il n'y a pas d'éléments concordants, on est en face d'un échec total", a lâché Me Khanifar.
En revanche "s'ils s'accordent sur une ou deux, trois zones, je demanderai à ce qu'on y engage des recherches plus précises", a-t-il dit.
"On s'est donné toute la journée pour effectuer ces fouilles. On a fait des analyses de toutes les déclarations des mis en examen, on a recoupé avec des repérages par hélicoptère et on a repéré quelques endroits qui collent", a expliqué à l'AFP le patron de la police judiciaire de Clermont-Ferrand, François Bernard, qui participe aux recherches, au côté du procureur Pierre Sennès. Il a toutefois reconnu qu'il y avait "très de peu de chance qu'on retrouve le
corps".
Le procureur de la République Pierre Sennès est interrogé par Valérie Riffard
Selon M. Sennès, la date du 13 mai a été retenue car "la nature aura la même configuration" que l'an dernier, ce qui pourrait permettre à la mère et au beau-père de retrouver la mémoire.
Après voir fait croire pendant quatre mois à un enlèvement, le couple avait avoué en septembre 2013 que Fiona était morte. Ils disent l'avoir enterrée en lisière de forêt, mais le corps reste introuvable.
"Les deux juges d'instruction ont décidé de clore le dossier", a ajouté M. Bernard, soulignant que ces magistrats voulaient avoir la certitude de s'être donné toutes les chances de retrouver le corps.
La découverte du corps de Fiona est capitale pour la suite de l'enquête, car l'autopsie permettrait de déterminer les circonstances de sa mort, alors que les versions de la mère et de son concubin divergent. Cécile Bourgeon accuse son compagnon d'avoir frappé l'enfant tandis que Makhlouf assure que Fiona est morte dans son sommeil, étouffée dans son vomi. Ce dernier a toutefois changé sa ligne de défense fin octobre, accusant à son tour Bourgeon d'avoir frappé la fillette, la veille de son décès.