Le Conseil départemental des Pyrénées-Orientales souhaite doubler la superficie de la Réserve marine de Cerbère-Banyuls d'ici deux à trois ans. Alors qu'une concertation vient d'être lancée, les premières voix s'élèvent : les pêcheurs de loisirs de Cerbère sont inquiets face à ce projet d'extension.
A Cerbère, dans ce village des Pyrénées-Orientales situé à la frontière espagnole, ils sont une trentaine à pêcher, de temps en temps, pour le plaisir. Une pêche conditionnée à la réglementation de la Réserve marine pour la biodiversité. Si ces pêcheurs en reconnaissent l'intérêt, ils en subissent aussi les restrictions et s'inquiètent de son extension. “Actuellement sur la zone protégée on ne peut pas ramasser d’oursins, on ne peut pêcher de nuit, on peut pêcher du lever au coucher du soleil, avec un nombre d'hameçons qui est limité et avec une autorisation à renouveler chaque année”, explique Christophe Sentenac, l’un d’entre eux. “Si la zone s’étend, on ne pourrait plus effectuer certaines de nos pêches traditionnelles.”
La menace de l'extension de la réserve pèse sur les pêcheurs de loisirs
Ces pêcheurs de loisirs de Cerbère se sentent aujourd’hui menacés par le projet d’extension de cette réserve. Ils se sont constitués en amicale, pour protéger leur pratique tout en respectant la biodiversité. “Nous voulons continuer à pratiquer notre pêche traditionnelle de loisirs qui consiste à pêcher du bord, la nuit. Pêcher le calamar, au casier ou la pêche sous-marine”, précise Pierre Homs, de l’Amicale des pêcheurs de loisirs de Cerbère. “Nous aujourd’hui, notre régal c’est de pêcher quatre oursins, quatre moules, de les manger entre amis, de pêcher un poisson, de le faire griller, c’est un art de vivre qui disparaîtrait. Nous sommes dans un village de 1400 habitants, si vous n’êtes pas amateur de pêche, de chasse et de nature, vous n’avez rien à faire."
“La réserve Banyuls Cerbères fait 650 ha, seuls 10% de cette zone est en zone de protection renforcée. C’est uniquement dans cette petite zone que les professionnels n’ont pas le droit de pêcher mais dans le reste de la zone, ils ont le droit de mettre 3 fois 750 mètres de filets. C’est pas une réserve de pêche, c’est une pêche réservée.”
Pierre Homs, Amicale des pêcheurs de loisirs de Cerbère.
Le Conseil départemental lance une consultation pour l'extension de la réserve
Le département, gestionnaire de la Réserve marine, se veut rassurant. Pour l'instant, rien n'est acté : ni le périmètre de la future réserve, ni sa réglementation. “Cette réserve produit du positif, bien sûr pour la biodiversité marine que ce soient les poissons mais aussi pour les acteurs qui utilisent la mer et en particulier les pêcheurs, les professionnels, les pêcheurs de loisirs ou les plongeurs parce qu’il y a une diversité de poissons et de choses à voir qui sont assez extraordinaires” insiste Hermeline Malherbe, la présidente du Conseil départemental. Elle a organisé une concertation en amont de la création de l’extension de la réserve marine et invite les pêcheurs de loisirs à y participer. “Pour construire un bon projet, je pense qu’il faut la position des usagers et on en tiendra compte. C’est à nous de voir où est-ce qu’on met le curseur mais ça doit se faire ensemble” , ajoute-t-elle.
Le conseil départemental a mis en ligne une plateforme de débats et organisera prochainement des ateliers avec les différents acteurs. Les pêcheurs de Cerbère préparent de leur côté un contre-projet, bien décidés à préserver leurs droits.