Les policiers ont d'abord envisagé ces 2 disparitions comme faisant partie des dizaines de milliers répertoriées chaque année en France, d'autant que les parents d'Allison étaient en cours de séparation. Dorénavant, le parquet ne cache pas qu'il y a lieu d'être inquiet.
Si Marie-Josée et Allison Benitez avaient volontairement disparu, elles auraient au moins pu se manifester auprès des policiers ou de proches pour les rassurer, compte tenu du battage médiatique fait autour d'elles ces derniers jours. C'est le sentiment du Parquet, vendredi soir.
"Toutes les pistes sont à exploiter", a déclaré le procureur adjoint de Perpignan, Luc-André Lenormand, "de la disparition volontaire à la disparition avec suspicion d'infraction, qu'il s'agisse d'un crime ou d'un délit".
Les disparitions remontent au 14 juillet
Les motifs de préoccupation ne manquent pas depuis que, sans explication selon le père de famille Francisco Benitez, les deux femmes ont quitté le foyer avec leurs valises le 14 juillet dans l'après-midi en lui annonçant: "On s'en va."
Ce jour-là, à 17H00, la fille aînée de Marie-Josée Benitez, née d'une précédente union, recevait selon le parquet un texto provenant du téléphone de sa mère et lui apprenant qu'elles partaient pour Toulouse.
Depuis lors, les portables des disparues sont coupés. Aucun mouvement n'a été décelé sur leurs comptes bancaires, ni sur les réseaux sociaux qu'elles affectionnaient.
L'exploitation des caméras de vidéosurveillance, à la gare notamment, n'a rien donné, pas plus que l'appel à témoins lancé par les policiers.
Les deux femmes n'avaient apparemment pas d'attache à Toulouse.
Et puis comment comprendre qu'Allison se soit brutalement soustraite aux obligations du concours pour l'élection de Miss Roussillon le 11 août, alors que cette grande fille brune les avait honorées jusqu'à présent et qu'elle était, selon la déléguée du comité, "la plus motivée" au point de mettre entre parenthèses son apprentissage de coiffeuse?
Le 14 juillet, elle participait encore à une réunion du comité, avant que son père ne vienne la chercher pour la ramener à la maison.
Les proches, les voisins, les employeurs d'Allison décrivent une jeune femme sérieuse, chaleureuse et sociable mais discrète, passionnée de mode, et rêvant du concours Miss France. "C'est une fille très équilibrée, de bonne éducation, bien sous tous les rapports", a dit Sandra Rossi, patronne de l'école de coiffure qui a accueilli Allison: "Elle n'avait pas de mauvaises fréquentations. Elle était élégante, jolie, coquette, soignée..."
Mme Rossi ne comprend pas: "Je vois mal Allison et sa mère partir comme ça, en claquant des doigts. Elles n'auraient jamais laissé leur chien."
La mère et la fille avaient un rapport fusionnel, selon les voisins qui parlent d'un foyer discret, installé il y a quelques mois dans le quartier populaire du Moyen-Vernet.
Le couple de Marie-Josée et Francisco, cependant, battait de l'aile. Ils s'étaient déjà entendus pour qu'elle, sans emploi, déménage en septembre avec sa fille et Francisco, chargé de recrutement à la Légion étrangère, avait accepté de payer le loyer.