Des représentants des buralistes du Gard, de l'Hérault et de la Haute-Garonne se sont donnés rendez-vous au Perthus, commune frontalière avec l'Espagne, pour dénoncer la fuite de leurs clients. Les vendeurs de tabac français subissent la décision de l'Europe d'assouplir les règles d'achats de tabac à l'étranger.
Un coup sur la tête. Depuis fin mars, la France a dû s'aligner sur le droit européen concernant l'achat de cigarettes à l'étranger. Auparavant fixé à une cartouche par personne, le seuil a disparu, et le volume d'achat est désormais libre.
Les douaniers sont donc désormais chargés de saisir et de sanctionner celles et ceux pour lesquels il y a une présomption de commerce et donc de commerce illégal. Pour cela, ils pourront s'aider du seuil, purement, indicatif, établi par l'Union Européenne.
Buralistes inquiets
Les achats désormais libres et à des prix plus attractifs, les allers-retours à la frontière des fumeurs français n'ont donc pas diminué. Le village du Perthus et un des lieux très prisés des consommateurs.
C'est donc ici que plusieurs représentants des buralistes de l'Occitanie se sont donné rendez-vous, samedi 27 avril pour tenter de se faire entendre dans un cri d'appel à l'aide.
Les bureaux de tabac vont disparaître, mais les fumeurs seront toujours là
Ghislaine Mazoyé, Présidente des buralistes du Gard
Selon Ghislaine Mazoyer, présidente des buralistes du Gard, le constat est clair : "Notre clientèle fond dans nos départements". À vrai dire, difficile de concurrencer l'Espagne, car quand Ghislaine Mazoyer rentre dans l'un des nombreux tabacs du Perthus, la conclusion est sans appel : 190 euros les quatre cartouches. "En France, une seule de ces cartouches vaut 109 euros", se désole la buraliste, avant de continuer : "Les bureaux de tabac vont disparaître, mais les fumeurs seront toujours là, et s'approvisionneront grâce au marché parallèle"
Tourisme fiscal
Jérémy Pezières, président de la Fédération des buralistes de l'Hérault, était aussi de la visite au Perthus. Lui a souhaité insister sur un phénomène bien installé à la frontière, le "tourisme fiscal" comme il s'appelle cela. Des bus remplis de français, qui viennent faire leurs achats, souvent en début de mois. "Nos clients profitent de ce système, mais on ne peut pas leur reprocher. Nous, on demande de l'aide à l'État", lance Jérémy Pezières
"On transporte des comités d'entreprise, des clubs de sport, du personnel de mairies parfois ; et on leur fournit une notice de la législation en vigueur", raconte un chauffeur à l'intérieur de son véhicule garé pendant que ses passagers déambulent dans le Perthus.
Retour en arrière
"Ce n’est pas possible. Il faut revenir à la loi d’une seule cartouche par personne achetée à l'étranger dans l'ensemble de l'Union Européenne. Il faudrait aussi mettre en place une harmonisation fiscale à échelle européenne", conclut, amer, le président de la Fédération des buralistes de l'Hérault.