Perpignan : "Provocation", "sabotage", "ringard", le nouveau logo de la ville choisi par Louis Aliot fait polémique

La municipalité de Perpignan a dévoilé le nouveau logo de la ville. Une initiative du maire RN Louis Aliot, qui est loin de faire l'unanimité.  

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Exit le Castillet et bienvenue à Saint Jean-Baptiste ! "Perpignan la Catalane" fait place désormais à "Perpignan la rayonnante". Le maire Louis Aliot rend ici hommage au Saint Patron de la ville qui retrouve l'esprit de son ancien blason. Mais avec ce nouveau logo, Saint Jean n'a plus de croix au bout de son bâton et porte une toge digne d'un défilé de mode parisien. Le tout sur fond d'écusson sang et or entouré d'un discret liseret bleu blanc rouge.
 

Nous avons voulu renouer avec le passé de la ville. Le blason de Perpignan avec Saint Jean-Baptiste date de 1340. Ce retour aux sources était nécessaire. Et puis Perpignan a changé d'équipe avec une nouvelle politique

Louis Aliot maire de Perpignan

Louis Aliot le maire Rassemblement National enfonce le clou. "Avec Perpignan la rayonnante comme slogan cela permet une rupture politique. Je m'attendais que les Catalanistes ne soient pas contents. Mais ce logo est un retour à l'identité catalane. Oui nous sommes Catalans mais avant tout, nous sommes Français. En 14/18 des Catalans du Roussilon sont morts dans les tranchées."

Les réactions se multiplient

Dès sa divulgation, le nouveau logo de Perpignan a déclenché un tsunami de critiques. Dans le landernau catalaniste on parle de provocation.

Je ne comprends pas comment on peut saboter son identité. "La Catalane" est une véritable marque. C'est à la fois notre identité géographique, culturelle et même économique

Anabelle Brunet, conseillère départementale, centriste

"On passe à coté de ce que l'on peut devenir. Et puis en prenant Saint Jean Baptiste, Louis Aliot s'arrange avec la laïcité. C'est une prise d'otages des valeurs de la ville. Il fait de la religion un outil " poursuit Anabelle Brunet, conseillère départementale du quartier du Vernet, centriste et proche des milieux catalanistes.

Le NPA local aussi dénonce une atteinte à la laïcité. " C'est honteux. C'est une provocation. C'est une opération politique de l'Extrême Droite. Aliot se sert de Perpignan en vue du pouvoir central. Il fait partie de cette droite qui hurle contre le communautarisme en se servant de la laïcité et là insidieusement il introduit du religieux!" remarque Jean Boucher porte-parole du Nouveau Parti Anticapitaliste des Pyrénées-Orientales.

Les anciens maires montent au créneau

L'ancien maire Jean-Paul Alduy aux commandes de Perpignan pendant 16 ans ne décolère pas. " Dès que je me suis installé en 1993, avec mon équipe nous avons lancé le slogan de Perpignan la Catalane. Depuis la ville a pris de la visibilité. Car un logo c'est une signature, une identité et une ambition. Avec ce logo complètement ringard aux références passéistes, il n'y a plus de dynamisme.

Renoncer à Perpignan la Catalane avec le Castillet le batiment phare de la Ville c'est politiquement réducteur. Avec la rayonnante on va faire sourire les Barcelonais !!!

Jean Paul Alduy ancien maire de Perpignan de 1993 à 2009


Jean-Marc Pujol, le prédécesseur de Louis Aliot trouve la méthode lamentable. " Louis Aliot a décidé seul de refaire le logo de la ville. En catimini, il a fait faire ça à un soi-disant artiste. C'est certainement quelqu'un de très proche. C'est lamentable. Du pur amateurisme.

Et puis présenter Saint Jean-Baptiste presque en mini jupe c'est du mauvais goût. Sans parler de ces couleurs bleu blanc rouge toutes fades qui se cachent... C'est ridicule

Jean-Marc Pujol ancien maire LR de Perpignan de 2009 à 2020



C'est le constat aussi des professionnels de la communication.

On dirait que c'est un dessin d'enfants. C'est un logo beaucoup trop compliqué. Trop de couleurs. Il y a des règles à respecter. Un bon logo comprend au maximun trois couleurs bien tranchées

Joaquin Fernandez graphiste

Et de poursuivre : "Et non pas des flous ou des dégradés. Et puis il faut trancher pour le message à faire passer. Soit on supprime carrément la catalanité et on garde le bleu blanc rouge. Soit le contraire. Et puis la punch line (le slogan) doit être clair. La rayonnante c'est un terme pas assez précis trop général" remarque Joaquin Fernandez de l'agence CC à Perpignan. Il vient de publier sur les réseaux sociaux une mouture plus épurée du logo.

Un logo à 12 000 euros

L'opposition "Les Républicains" du conseil municipal va adresser un courrier à Louis Aliot pour demander des explications car "avoir dépensé 12 000 euros pour un tel résultat. C'est du gaspillage. Et puis nous n'avons pas été concertés. Etait-ce la priorité en ce moment de crise sanitaire ? C'est regrettable. Et puis ridiculiser Saint Jean, c'est le pompon. On prive les Catalans de leur identité. Fini donc le temps où Louis Aliot protestait contre le nom de la région Occitanie. À l'époque il déplorait l'oubli du pays catalan." constate Chantal Bruzi à la tête de l'opposition LR au sein du conseil municipal.

Dans la rue, les habitants non plus ne sont pas emballés à de rares exceptions près qui trouvent sympa le côté médiéval. Les uns y voient de "la radio-activité avec la rayonnante" et pour d'autres " le Castillet au moins c'était connu de tout le monde !". "C'est un manque de démocratie. Le maire aurait dû concerter les habitants de la ville et parmi toutes les propositions, un jury aurait pu sélectionner le meilleur logo. Mais c'est foutu à Perpignan avec ce maire du Rassemblement National."

Depuis hier soir une pétition circule au nom de Monsieur le Maire, rendez-nous Perpignan la Catalane et notre Castillet. À Perpignan, la polémique est loin d'être terminée mais la plupart des habitants ose croire encore à un poisson d'avril.

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