Ce lundi 4 décembre 2023 s’ouvre le procès de Thierry Cahuzac, devant la cour d’assises de Perpignan. Il est jugé pour le meurtre prémédité de ses parents et de ses beaux-parents en août 2020.
Plus de trois ans après le quadruple assassinat de ses parents à Perpignan, et de ses beaux-parents au Boulou, les 22 et 23 août 2020, Thierry Cahuzac sera enfin devant la cour d’assises des Pyrénées-Orientales à partir de ce lundi. Un procès pour la "reconstruction" de deux familles brisées en l’espace d’une nuit. Pour "enfin être entendus", expliquent son ex-épouse et leurs deux enfants, qui ont "vécu l’enfer" auprès de cet homme instable et violent. "On est souffrance depuis 2011, le jour où il a essayé de me tuer", souffle Dominique Bertran.
Ce sera dur de parler devant tout le monde. Dans un tribunal, on s’expose à cœur ouvert, mais c’est le seul moment où je pourrai dire au monde "voilà ce que j’ai vécu, voilà comment je me suis construite, voilà ma souffrance". Mon père incarne pour moi la violence, la dangerosité et le mal, la souffrance pour ma famille.
Laura Cahuzac
Ce sont ces années de douleur que Dominique Bertran et ses enfants, Laura et Rémi, veulent raconter à la barre. Le divorce très difficile, la violence permanente, la paranoïa, les menaces, jusqu’à une ordonnance de protection pour laquelle Thierry Cahuzac avait fait trois mois de prison en 2014. Le point de bascule. "Je l’avais dit que si j’allais en prison, je tuerais mes beaux-parents", explique-t-il à ses avocats depuis sa détention provisoire.
"C’est quelqu’un de dangereux, qui a bien préparé ce qu’il a fait pendant six ans et qui le revendique", résume son ex-femme. Thierry Cahuzac assume ces meurtres. Le 23 août 2020, il s’était rendu de lui-même chez les gendarmes pour y avouer ses crimes. Une façon de se "faire justice", avait-il expliqué aux enquêteurs. Il décrit ses beaux-parents comme "démoniaques et manipulateurs", et accuse ses parents d’être responsables des échecs de sa vie. "Il l’a fait pour m’atteindre moi", assure Dominique Bertran.
S’il n’est pas incarcéré à vie, il va passer son temps à préparer sa sortie, et nous on va recommencer à vivre avec une épée de Damoclès sur la tête. Ce qu’on veut, c’est avoir le maximum d’années pour que l’on puisse essayer de se reconstruire.
Dominique Bertran
Aujourd’hui, Dominique Bertran et ses enfants attendent d’être protégés par la justice. "Pendant de longues années, j’ai eu l’impression qu’on n’a pas entendu nos SOS, nos cris d’alerte", raconte Laura Cahuzac. "Malheureusement, on n’a pas été protégés, il y a eu un enchaînement d’erreurs qui ont amené à l’irréparable." En septembre, la jeune femme n’avait pas souhaité se rendre à l’audience où s’est joué le maintien en détention provisoire de Thierry Cahuzac. "Cette audience n’aurait pas du avoir lieu, on n’aurait pas du avoir ce stress supplémentaire qu’il soit relâché."
Thierry Cahuzac encourt une peine de réclusion criminelle à perpétuité si sa responsabilité pénale est pleinement reconnue par la cour d'assises. Un objectif clairement affiché par Me Philippe Capsié, l’avocat de Dominique Bertran et de ses enfants : "le voir reconnu coupable et responsable de ce quadruple assassinat, et surtout, le mettre hors d’état de nuire pendant la durée la plus longue possible."