Mercredi matin, une centaine de contribuables et d'élus a bloqué l'entrée de la Trésorerie d'Elne. Un mouvement de protestation initié par le maire de la commune catalane pour protester contre le projet de fermeture de ce service public en janvier 2022.
Ils ont bravé la pluie dès ce mercredi 8h00. Élus et contribuables ont répondu à l'appel de Nicolas Garcia, le maire d'Elne. Tous conviés à manifester contre le projet de fermeture de la Trésorerie du canton au 1er Janvier 2022. Une décision de l'administration fiscale qui restructure le schéma de l'accueil des usagers des Pyrénées-Orientales.
De fermeture en fermeture...
"Nous avions 27 trésoreries dans les Pyrénées-Orientales, il y a encore deux ans. À présent, notre administration veut tout regrouper. Au final, il ne restera que Perpignan, Prades, Céret, Argelès, Rivesaltes et Thuir" regrette Bernard Gentilleau, secrétaire CGT-Finances Publiques 66.
Son collègue Vincent Paumard, le délégué Solidaires Finances 66 est lui aussi très remonté. "L'accueil des contribuables est sacrifié. Aujourd'hui, tout le monde devrait communiquer via internet. C'est impossible car il y a la fracture numérique. Les personnes âgées et les précaires sont abandonnés. Le maître mot, ce sont les économies.".
Toujours plus supprimer ! Il y a 15 ans, nous étions 700 agents dans le département. Aujourd'hui nous ne sommes plus que 500.
Nicolas Garcia, l'édile d'Elne, ne décolère pas. "Nous sommes une commune avec beaucoup de précarité. Si l'on nous supprime notre perception. Les gens devront aller à Perpignan à 15 km d'ici. Cela pénalise 10 000 usagers des 9 villages du canton. Où est l'écologie là ? Il est où le circuit court ? Surtout en cette période de crise sanitaire !!! Les neuf agents et le comptable qui travaillent ici vont devoir se déplacer sur rendez-vous. Il n'y a aucune logique à ce plan. Il y avait eu pourtant des engagements de l'Etat pour favoriser le maintien des services publics dans les territoires".
J'ai envoyé un mail à notre Premier ministre, lui qui prône la ruralité. J'espère qu'il ne va pas nous oublier, l'ancien maire de Prades...
Parmi les manifestants, Nicolas Angot. Cet Illibérien retraité ajoute : "Nous sommes les oubliés. Les gens ont besoin de proximité. Rencontrer quelqu'un pour avoir des explications c'est primordial car notre administration est parfois compliquée".
Les gens ont des difficultés avec les serveurs vocaux aux multiples options souvent incompréhensibles. Je connais des gens qui ne connaissaient pas la touche dièse (#). Ils se mélangent les pinceaux. Et puis quelle perte de temps !
Et de poursuivre : "De plus, certaines personnes n'ont pas de chéquier pour régler leur impôt. Alors comment font-ils ? Et puis maintenant, on nous demande de régler chez un buraliste. Où est la confidentialité dans ce cas ? On n'a pas envie de se dévoiler à quelqu'un que l'on voit tous les jours !".
Pour Sabrina Nouni, même constat : "Cette fermeture programmée est une régression. On a besoin de contacts humains. Passer au numérique risque de provoquer des impayés et des pénalités pour certains. Et puis certaines personnes ont des difficultés pour lire. On nous demande aussi de régler en ligne mais on a peur des piratages quand on paie par internet. Même si c'est sécurisé soi-disant. On devient une société à deux vitesses !"
Une modernisation du service public ?
Sylvie Gillouet, la directrice des Finances publiques des Pyrénées-Orientales se veut pourtant rassurante. "Je comprends l'inquiètude des usagers des services fiscaux. Nous vivons une évolution dans notre société".
La réforme du réseau de proximité doit être gagnant-gagnant. Actuellement, nous avons 23 points d'accueil dans tout le département. Lorsque nous aurons mis les structures de France Service en place. Il y en aura 44.
La directrice ajoute : "Cette nouvelle offre multi-canal élargie renforcera la proximité et regroupera toutes les administrations. Les gens pourront se renseigner et effectuer leur démarches administratives."
Une nouvelle réorganisation que le maire d'Elne ne voit pas d'un bon oeil. "C'est une fois de plus, le désengagement de l'Etat. On mélange tout. Et puis les personnels ne seront pas nécessairement des fonctionnaires professionnels qui savent répondre aux questions. Nous, les communes, devrons fournir et entretenir les locaux de ces fameux points France Services. Cela va nous coûter de l'argent même s'il y a une participation de l'Etat".
Dans les prochains jours, la directrice des Finances Publiques des Pyrénées-Orientales va organiser une concertation avec les élus du canton d'Elne afin de trouver des solutions.
La mobilisation,quant à elle, continue. Les grilles de la Trésorerie resteront cadenassées jusqu'au week-end.