Le résumé de la réunion publique tenue hier après-midi à Perpignan par le Front National, en présence de la présidente du parti, et compagne de Louis Aliot, dans le cadre de la campagne pour les municipales de mars prochain. Avec le reportage de notre équipe sur place.
L'immigration, voilà l'ennemie de Perpignan pour Marine Le Pen. La présidente du Front National a livré samedi 15 février devant un millier de militants, réunis au palais des expositions de la capitale des Pyrénées-Orientales, un réquisitoire visant exclusivement à dénoncer l'immigration dans cette ville "gagnable" pour le Front national. Ville où se présente son compagnon Louis Aliot et dont elle a fait un enjeu important des municipales.
Dans une ville où l'insécurité figure au centre de la campagne, où le rejet des travailleurs étrangers, notamment espagnols, est répandu, Marine Le Pen a répété sa volonté de mettre fin à "l'immigration de masse" et appelé à nouveau à un référendum sur le sujet.
"Quand les grandes métropoles sont saturées, on ouvre les écluses en réclamant que les villes moyennes ou petites prennent leur part du fardeau" des demandeurs d'asile, "principale source d'immigration clandestine", a-t-elle déploré.
Face à cela, les éventuels futurs maires FN feront évaluer le coût de l'immigration clandestine pour leur commune et demanderont à l'Etat des "compensations financières", a-t-elle annoncé. Mais la "démarche" du FN contre l'immigration "n'est ni raciale, ni religieuse" assure-t-elle: "Notre exigence a toujours été l'amour de la France et la fierté d'y appartenir".
La députée européenne a livré un récit très personnel de l'histoire particulière de cette région, où le vote des communautés de Pieds-noirs et de Harkis arrivés en 1962 pèse lourd : "Ici, dans cette ville, dans ce département, dans cette région, qui a vu arriver main dans la main des Français de toutes religions, toutes couleurs de peau, sur des bateaux alors qu'ils avaient été expulsés avec une brutalité inouïe de ce territoire de France qu'était l'Algérie, on ne regardait ni la couleur de peau, ni la religion".
Louis Aliot a dressé de son côté un bilan bien médiocre de la gestion municipale de son adversaire, le sortant Jean-Marc Pujol (UMP), coupable d'un "clientélisme éhonté", de "la situation désastreuse de certains quartiers" insalubres et de l'insécurité.
Intégrant le programme national du FN à son programme municipal, le conseiller régional du Languedoc-Roussillon a promis de "réserver les marchés publics aux entreprises du département" et de "choisir des entreprises qui embauchent de la main d'oeuvre locale" s'il est élu fin mars.
Louis Aliot a dépeint un triste visage pour Perpignan, "une des dix villes les plus pauvres de France, l'une des plus insécuritaires de France,
la ville des émeutes intercommunautaires (ndlr: en 2005 entre Maghrébins et Gitans), la ville de la fraude à la chaussette", fraude électorale retentissante qui avait conduit à l'invalidation de la réélection en 2008 du prédécesseur de Jean-Marc Pujol, Jean-Paul Alduy, réélu par la suite.
Mais pour espérer appliquer ses solutions, il aura fort à faire, alors qu'un sondage TNS Sofres-Sopra Group publié mercredi donne le maire sortant large vainqueur avec 42% des suffrages d'une triangulaire contre Jacques Cresta (PS, 33%) et Louis Aliot (25%).
"Je suis convaincue que Louis a la possibilité de gagner", a affirmé Marine Le Pen devant les journalistes. "Nous allons gagner des villes, nous aurons des résultats précis, chiffrables, etc.", a-t-elle pronostiqué. "Avec Perpignan, on ne nous dira plus +Ca, ce sont des villes moyennes, c'est plus facile+".
C'est pourquoi la présidente du FN a fait de Perpignan un enjeu majeur de ces élections municipales dans l'entreprise d'implantation locale et de crédibilisation du Front National : gagner la ville "permettrait de démontrer ce que nous sommes capables de faire dans une ville de plus de 100.000 habitants"... Oubliant un peu vite que, par le passé, le Front National a géré avec Toulon une ville plus grande que Perpignan (160 000 habitants).
Jean-Marie Le Chevallier, maire de Toulon de 1995 à 2001, n'a pas été réélu. Il a quitté le Front National en cours de mandat en 1999 puis a été notamment condamné, en 2001, pour détournement de fonds publics et complicité d'abus de confiance dans le cadre de sa gestion municipale.
Le reportage sur place de Pascale Barbès et Philippe de Leyritz