Elles ont été touchées de plein fouet dès le mois d'avril avec les premiers arrêtés sécheresse. L'interdiction d'arroser les plantations a fait chuter les ventes de plus de 50%. Une catastrophe économique pour les jardineries et pépinières des Pyrénées-Orientales qui tirent la sonnette d'alarme et réclament des aides.
Coup dur pour les professionnels de la vente de végétaux. Les arrêtés sécheresse mis en place par la Préfecture des Pyrénées-Orientales, dès la mi-avril, ont eu comme répercussion pour les jardineries et les pépinières de faire dégringoler les ventes. Celles-ci ont été divisées par deux ce printemps. Une catastrophe économique alors que les mois de mars, avril et mai représentent à eux seuls 60 à 65 % du chiffre d’affaires. Pour Philippe Puig, gérant de la jardinerie indépendante Delbard à Elne l'heure est grave. "C'est une période très, très, très difficile. Je rajouterai des "très" tant que j'aurais de l'encre."
On a complètement loupé notre saison. On ne peut pas la rattraper. C'est comme au rugby, quand le mec loupe sa saison, il doit attendre la saison suivante. Par contre, aujourd'hui, je ne sais pas du tout comment nous allons faire pour arriver au printemps 2024.
Philippe Puig, Gérant d'une jardinerie indépendante à Elne
Des inquiétudes et des "nuits à ne pas dormir" que partagent d'autres professionnels du secteur. Marine Serradeil et Jean-Luc Coma, respectivement gérants de Nature Innov' à Toulouges et Villaverde sur la commune de Pia s'associent au "coup de gueule" de la jardinerie d'Elne. Les trois structures sont des jardineries indépendantes, familiales et historiques du Pays Catalan mais "toutes les entreprises du secteur sont touchées. De la plus grande enseigne de France au plus petit", chacun accuse le coup comme il peut.
On a pensé à plein d'autres professions comme les piscinistes qui sont impactés, les agriculteurs, les golfs, les campings, l'hôtellerie mais nous, personne n'a jamais parlé de nous.
Philippe Puig, gérant d'une jardinerie indépendante à Elne
"On a besoin d'aide sinon on ne s'en sortira pas"
Avec un déficit de trésorerie de 150 000 € Philippe Puig dit "comprendre parfaitement les mesures de restriction d'eau prises par la Préfecture" mais demande urgemment le déblocage d'aides financières des pouvoirs publics, Région, Etat, pour sauver la profession.
Nous avons été reçus par la Chambre de Commerce des P.O. qui nous a apporté son soutien immédiat. Nous avons fait des réunions avec la Préfecture. On a été entendus. Maintenant, on attend mais on ne pourra pas attendre très longtemps. Au 31 mai, certains ont déjà licencié des saisonniers.
Philippe Puig, Gérant d'une jardinerie indépendante à Elne
D'autant que ce type de sinistre n'est pas couvert par les assurances précise Philippe Puig. "Dès le mois d'avril, nous avons décidé de supprimer 2.000m² de surface de vente, sur la partie extérieure de la jardinerie. D'abord pour économiser l'eau et puis il y a moins de clients, donc moins besoin de végétaux. C'est triste. Par contre, le 15 juin dernier on nous a demandé de payer les taxes sur l'ensemble de la surface du magasin."
Et déjà les dégâts sont là. Visiteurs clairsemés, plants jetés, embauches saisonnières gelées ... Malgré les reports de charge proposés, les jardineries sont à sec. Certains ont déjà été contraints de procéder à des licenciements et craignent maintenant de disparaître d'ici la fin de l'année à moins d'être entendus rapidement.