Grande opération de nettoyage le week-end dernier sur les flancs du Canigou. Une cinquantaine de bénévoles ont ramassé les débris d'un avion britannique qui s'est écrasé il y a plus de 60 ans, faisant 34 morts. Un chantier difficile car il restait un gros morceau de carlingue à découper et surtout des milliers de pièces plus petites éparpillées sur la montagne.
"L'avion devait arriver du Nord directement pour atterrir à l'aéroport de la Llabanère à Perpignan. Vers Limoges, il y a eu un très gros orage alors il s'est détourné. Il était trop bas par rapport aux consignes de vol, il y a eu un fort vent, il a dérivé et il a tapé la montagne. Il s'est crashé". C’était le samedi 7 octobre 1961, un DC3 de la compagnie Derby Airways, parti de Londres-Gatwick, s'écrasait de nuit sur les pentes du Canigou à 2.100 mètres d'altitude. Il n'y a eu aucun survivant.
L'accident a fait 34 morts. 31 passagers et trois membres d'équipage.
Une épave devenue célèbre car laissée sur place
Près de 62 ans après le crash, il ne reste plus qu'un bout de carlingue et de train d'atterrissage du DC3 britannique construit en 1945.
Juste en bordure du GR.10, le chemin de randonnée qui passe à proximité du lieu du drame, on trouve les morceaux d'appareil le plus spectaculaires mais pas forcément les plus polluants.
L'avion, il s'est écrasé ici mais la neige au printemps, elle a une reptation. Elle descend et elle fond. En descendant, c'est un bulldozer, elle pousse tout et des morceaux de l'avion sont arrivés bien plus bas.
Thomas Dulac, gérant du Refuge des Cortalets.
L'avion a percuté la montagne à 2.100 mètres d'altitude mais jusqu'au sentier, 200 mètres plus bas, il y a effectivement des centaines, voire des milliers de débris, dissimulés dans la pierraille et les rhododendrons. Les bénévoles ont ramassé tout ce qu'ils ont pu pour les évacuer par la piste.
Des débris de toutes tailles et de toutes sortes, beaucoup d'aluminium, de ferraille, du caoutchouc, du cuir et des tissus aussi. Parfois, des pièces plus éloquentes.
"C'est un morceau de valise, un morceau de bagages. C'est très émouvant. On se dit, c'est un objet qui a appartenu à quelqu'un qui a péri lors de la catastrophe" explique Francine, une bénévole émue.
Des scènes tragiques et aucun survivant
Parmi la cinquantaine de bénévoles, Jean-Pierre Bobo était sans nul doute le plus ému ce week-end.
Il avait 20 ans et était secouriste lorsque le 7 octobre 1961, il est arrivé sur les lieux quelques heures seulement après le crash du DC3 en provenance de Londres. Il n'y avait aucun survivant.
Les arbres étaient tous coupés. Et sur l'un d'eux, il y avait une hôtesse de l'air qui était coupée en deux par la ceinture de sécurité et qui était perchée. Juste à côté, dans les mêmes conditions, il y avait le steward. Et puis des corps, des corps partout... C'était un spectacle très dur et puis il y avait une odeur de chair brûlée, de kérosène. C'était affreux !
Jean-Pierre Bobo, ancien secouriste sur le crash de l'avion.
Certains randonneurs, habitués du site, regrettent ce nettoyage. Alors pourquoi, 62 ans après le drame, vouloir faire disparaître cette épave ?
"Maintenant, après toute catastrophe aérienne, on effectue un nettoyage intégral du site. C'est d'ailleurs une obligation légale pour les compagnies aériennes" explique Florian Chardon, directeur du syndicat mixte Canigou grand site.
Un morceau de l'avion, sans doute le train d'atterrissage, restera sur place. Il sera accompagné dans les prochains mois d'une plaque commémorative du drame.
Écrit avec P. Georget.