Effervescence dans les Pyrénées-Orientales, mercredi. L'indépendantiste catalan en exil depuis six ans, Carles Puigdemont, a choisi Elne, commune au sud de Perpignan, avec laquelle l'ex-président entretient des liens forts, pour lancer sa campagne électorale.
C'est dans les Pyrénées-Orientales, à une trentaine de kilomètres de la frontière avec l'Espagne, que Carles Puigdemont a exprimé ses nouvelles aspirations politiques.
Il faut donner une direction claire et nette à la Catalogne, avec ambition et sans complexes.
Carles Puigdemont, candidat aux élections régionales de Catalogne
La salle des fêtes d'Elne, près de Perpignan, a connu une affluence exceptionnelle ce mercredi 21 mars 2024. Devant un parterre de caméras, d'appareils photos et pas moins d'une cinquantaine de journalistes espagnols et catalans, Carles Puigdemont entre en scène. Des fidèles venus en masse, si nombreux que tous n'ont pu rentrer dans la salle, applaudissent et scandent pendant de longues minutes en catalan "président" et "indépendance".
"Président, président, président"
C'est Elne qu'a choisi l'ex-président catalan Carles Puigdemont, pour annoncer sa candidature aux élections régionales de Catalogne le 12 mai prochain. Exilé en Belgique depuis six ans suite à l'indépendance avortée de l'autonomie, Puigdemont revient aussi déterminé qu'à l'époque dans un lieu chargé de symboles.
Je me sens chez moi en Catalogne Nord et à Elne en particulier. Pour son accueil, ses valeurs républicaines, son engagement pour les droits humains. Au XVe siècle déjà, des paysans s'y sont révoltés contre le pouvoir qui les exploitait, ce qui a permis d'inscrire le nom d'Elne dans le livre des syndicats "Remença", classé par l'Unesco.
Carles Puigdemont, candidat aux élections régionale de Catalogne
Après avoir aussi rappelé l'importance des actions menées à la Maternité suisse d'Elne auprès des femmes et des enfants internés dans les camps de concentrations durant la seconde guerre mondiale, Puigdemont a simplement déclaré : "J’ai décidé de me présenter aux prochaines élections au Parlement catalan." Derrière lui, le drapeau catalan frôle les étoiles du drapeau européen. Debout sur la tribune qui porte la mention "President Carles Puigdemont", c'est en catalan que le candidat s'est exprimé d'une voix calme mais pleine d'assurance, devant son auditoire.
"Je ne vais pas fuir mes responsabilités"
Depuis son départ en exil en 2017, c'est la troisième fois que Carles Puigdemont se présente aux élections de Catalogne. Jamais, cependant il n'a pu occuper son siège en raison des poursuites engagées contre lui. À l'époque à laquelle il était alors président de la région, Puigdemont avait autorisé la convocation d'un référendum sur la question de l'indépendance de la Catalogne.
Six ans plus tard, lueur d'espoir. À la mi-mars, les députés espagnols ont adopté une loi d’amnistie concernant les séparatistes, donnant ainsi la possibilité à Puigdemont de candidater avec la perspective de pouvoir siéger à nouveau. "Je ne vais pas fuir mes responsabilités" a déclaré l'ancien président qui a clairement exprimé ses intensions de reprendre le combat et le processus d'indépendance de Catalogne. Mais pour l'heure, Puigdemont est toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Pour pouvoir traverser les Pyrénées sans risque d'être arrêté, il devra attendre la validation de la loi d'amnistie par le Sénat espagnol. Une décision attendue vers la fin du mois de mai.