Alors que la France se souvient, ce 1er février, de l'appel de l'Abbé Pierre il y a tout juste 70 ans, France 3 Occitanie a rencontré une mère de famille confrontée à la pauvreté. Avec l'inflation, elle n'arrive plus à payer ses factures et doit désormais aller chercher des colis alimentaires au Secours populaire. REPORTAGE.
L'inflation, qui a fait flamber les prix de l'alimentation et de l'énergie ces derniers mois, a fragilisé un peu plus encore les ménages les plus précaires. 70 ans après l'appel de l'Abbé Pierre, le 1er février 1954, la pauvreté semble progresser en France. Selon Christophe Robert, délégué général pour la Fondation Abbé-Pierre, le taux de pauvreté concernerait ainsi aujourd'hui entre 14 et 15 % de la population française, "soit environ 10 millions de personnes dans le pays".
Dans les Pyrénées-Orientales, deuxième département le plus pauvre de France derrière la Seine-Saint-Denis, France 3 Occitanie a suivi une mère de famille qui touche une pension d'invalidité et qui est obligée désormais de chercher les bons plans pour nourrir ses enfants. Elle a également dû faire appel à une association mais n'a pas eu le courage de l'avouer à ses enfants.
Elle achète sa viande en Espagne
À 56 ans, Cathy vit seule avec deux de ses quatre enfants, à Pia, près de Perpignan. Sur la table du déjeuner, beaucoup de produits dont les étiquettes sont en Espagnol. Ici, faire ses achats de l'autre côté de la frontière est devenu une habitude. "La viande, c'est un produit que j'achète en Espagne. Je prends en grosse quantité, pour stocker, pour être tranquille", explique Cathy, la mère de famille, qui montre son grand congélateur où sont rangés les surgelés.
En France, elle fait ses courses en ligne pour ne pas se laisser tenter, et ne rien rater des promotions. Mais l'inflation est partout. "Avant, avec 150 euros, j'avais pratiquement tout pour la maison : l'alimentation, les produits ménagers". Mais aujourd'hui, le prix du chariot de supermarché a explosé, déplore Cathy : "si je veux faire un panier complet, je pense que je monterai à 200, 250 euros", soit une augmentation d'environ 100 euros par mois.
Autre facture qui a flambé ces derniers mois, celle de l'électricité. À consommation égale, la régularisation d'une dizaine d'euros dont elle devait habituellement s'acquitter est passée à plus de 600 euros. Une dépense impossible à assumer.
"Pour pallier tout ça, je suis allée au Secours populaire demander une aide alimentaire", explique, quelque peu gênée, la mère de famille.
Humainement ça m'a coûté parce que j'ai quand même deux enfants, je ne veux pas qu'ils ressentent ce qu'il se passe au niveau de la conjoncture, donc je ne leur en ai même pas parlé.
Cathy, mère de famille.
Autre charge majeure dans son budget désormais, le carburant. Pour payer son plein d'essence au meilleur prix, elle consulte une application : "le plus près c'est Perpignan Polygône, où je l'ai à 1,70 euros". Aujourd'hui, Cathy affirme payer 30 euros plus cher son plein. Mais la mère de famille est surtout épuisée par cette chasse aux bons plans.
C'est très pesant de regarder toutes les promos, de regarder où l'essence est la moins chère, ça me génère du stress et je pense que je ne suis pas la seule.
Cathy, mère de famille.
Fin 2022, deux tiers des ménages prétendaient avoir changé leurs habitudes à cause de l'inflation.
Écrit avec Romane Sabathier.