Violences sexuelles. "Seul un oui est un oui" : entre la France et l'Espagne, la montagne du consentement

Alors que la France se retrouve encore bouleversée par de nouvelles affaires d'agressions sexuelles, de l'autre côté des Pyrénées, la question du consentement est aujourd'hui réglée. Avec la loi "Seul un oui est un oui", l'Espagne se veut un pays plus libre et plus sûr pour toutes les femmes. Reportage à Barcelone.

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En Catalogne nous avons un plan de prévention des violences sexistes qui est clairement pionnier au niveau européen. Nous n’avons pas trouvé d’autres exemples avec cette approche intégrale. Ici, tous les ministères du gouvernement sont impliqués, autour de 200 actions.

Tània Verge, ministre de l'Égalité et des Féminismes de la Generalitat de Catalunya

En Espagne, un rapport sexuel sans consentement explicite constitue un viol depuis l'entrée en vigueur en 2022 de la loi dite "Seul un oui est un oui". En vingt ans, l’Espagne s’est profondément réformée pour mieux protéger les femmes victimes de violences sexuelles ou sexistes. Et la Catalogne est à la pointe dans ce domaine.

On se souvient de l'affaire de la footballeuse Jenni Hermoso et du baiser forcé. Une image qui ne passe plus. Pour son agissement, l’ex-président de la fédération espagnole de football Luis Rubiales encourt jusqu’à 4 ans de prison. Désormais, tout acte sexuel non consenti est considéré comme une agression.

C’est une petite révolution. Les lois précédentes parlaient déjà de consentement, mais dans la nouvelle loi, le consentement tient une place centrale. Cela nous a amené à une prise de conscience qui dépasse le droit et qui implique toute la société. 

Carla Vall, avocate de Jenni Hermoso

 

Si la première version de la loi "Seul un oui est un oui", votée en octobre 2022 a nécessité une réforme express dans les mois qui ont suivi, l’Espagne est régulièrement citée en exemple pour sa lutte contre les violences faites aux femmes. Quant à la Catalogne, elle est le fer de lance de cette politique volontariste.

En Catalogne nous avons un plan de prévention des violences sexistes qui est clairement pionnier au niveau européen. Nous n’avons pas trouvé d’autres exemples avec cette approche intégrale. Ici, tous les ministères du gouvernement sont impliqués, autour de 200 actions.

Tània Verge, ministre de l'Égalité et des Féminismes de la Generalitat de Catalunya

Parmi ces mesures, un service inédit en Europe. Un appel au numéro d’écoute des violences sexistes peut activer une brigade de psychologues qui se déplacent au domicile de la victime ou tout autre lieu sécurisé, pour une aide psychologique d’urgence.

On doit être disponibles pour intervenir dans les deux premières heures après avoir pris connaissance des faits. Intervenir rapidement permet de réduire l’impact au niveau de la santé mentale.

Cecília Gelpí, psychologue

Victime d'agression sexuelle, celle que nous appellerons Sofia a porté plainte, soutenue par le service d'aide aux victimes.

Ça m’a fait du bien de parler. Je pensais que j’allais bien, mais je gardais tout à l’intérieur. Je conseille ce service à toutes celles qui ont vécu ça.

"Sofia", victime d'agression sexuelle

Avec la sensation d'être plus écoutées, mieux soutenues, les femmes osent un peu plus parler. L'an passé les plaintes pour violences conjugales ont augmenté de 10%, de même que les détentions ont suivi la courbe avec un +13%. Mais la loi n'empêche pas les violences. Selon le collectif féministe "Efeminismo", en 2023 en Espagne, 13 viols auraient été perpétrés chaque jour soit un toutes les deux heures.

En France, on estime à 206 le nombre de personnes violées chaque jour. Dans l'hexagone, pas de réelles avancées sur le plan légal. À ce jour, le consentement reste encore absent de la définition du viol. Pour que le viol soit considéré en tant que tel, les victimes doivent prouver qu'elles ont été forcées, menacées ou contraintes. La France a même récemment refusé que la Commission européenne intervienne sur la définition du viol.

Selon une enquête du ministère de l'Intérieur, seules 5% de femmes qui se déclarent victimes de violences conjugales ou sexuelles ont déposé plainte en 2021. Le Haut-conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes constate, quant à lui, que seulement 1% des plaintes aboutissent à une condamnation pénale. 

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