L'épidémie de Covid-19 semble avoir cessé de reculer dans le département, à quelques semaines des vacances d'été. Ce constat inquiète les autorités, qui appellent à la prudence.
Après avoir fortement reculé depuis avril, dans le sillage d’un durcissement des restrictions sanitaires, le taux d’incidence au Covid-19 semble s’être stabilisé ces derniers jours dans les Pyrénées-Orientales. Une évolution qui laisse craindre, à quelques semaines des vacances d’été, un rebond dans ce département très touristique.
Selon les données de Santé Publique France, le nombre de cas positifs en une semaine stagne depuis fin mai entre 58 et 65 pour 100.000 habitants. "La diminution de l’incidence est clairement stable depuis une semaine, a réagi Hugues Aumaître, chef du Service des maladies infectieuses et tropicales (SMIT) au centre hospitalier de Perpignan. On a l’impression qu’on arrive à une espèce de plateau."
Stabilisation ou hausse ?
Les chiffres valables pour la période du 25 au 31 mai, montrent même un taux d’incidence qui a pris "une quinzaine de points en une journée", relève ce vendredi Etienne Stoskopf, soit de 65,6 à 82,3 pour 100.000 habitants. Pour le préfet des Pyrénées-Orientales, c’est "un phénomène assez inquiétant, qui semble indiquer qu’il se passe quelque chose avec le virus, à nouveau". Cette tendance concerne également les autres départements d'Occitaine, dans des proportions plus ou moins importantes.
"On constate qu’on augmente un peu plus vite que les autres dans les Pyrénées-Orientales, estime Etienne Stoskopf. On était bien descendus, aussi [jusqu’à 58 pour 100.000 habitants, soit 50 de moins que la donnée nationale, NDLR]". Reste à savoir si cette tendance à la hausse se confirmera dans les semaines qui arrivent.
En effet, ce nouveau chiffre ne tient plus compte du lundi de Pentecôte, soit le 24 mai, qui avait pu tirer les sept jours précédents à la baisse. "Compte tenu de la diminution possible d’activité de dépistage sur le début de la semaine dernière par rapport à une semaine classique (baisse de l’activité de dépistage influencée par la présence d’un jour férié en semaine 21), il est important d’interpréter ces résultats avec prudence et de suivre les tendances dans les prochaines semaines", alerte Santé Publique France dans son bulletin du 3 juin.
"Pour l’instant, ça n’a pas encore de conséquence sur les hospitalisations mais on regarde ça de très près avec les autorités de santé", déclare Etienne Stoskopf. Selon les chiffres communiqués par l’Agence régionale de Santé au 1er juin, quinze personnes se trouvaient alors dans les services de réanimation et soins critiques du département après avoir contracté le coronavirus, pour 96 hospitalisations au total. "Les taux d’hospitalisation en médecine et en réanimation n’ont jamais été aussi bas depuis la première vague", confirmait alors Hugues Aumaître à Perpignan.
Craintes pour l'été
La crainte désormais est de voir la situation se dégrader à l’approche de la saison estivale, synonyme d’un afflux de touristes venus profiter de la côte Vermeille ou des Pyrénées. "Si vous multipliez le nombre de personnes qui viennent, détaillait l’infectiologue, si en plus les gestes barrières ne sont pas respectés et que le taux de vaccination est insuffisant, vous constituez-là un phénomène à haut risque de relance de l’épidémie, ce qu’on attend pour le courant août, qui sera le moment où on aura eu vraiment beaucoup de touristes."
Une hausse s’était déjà observée à la fin de l’été 2020. Le département avait vu le taux d’incidence passer d’environ 7 pour 100.000 habitant mi-août à près de 90 début septembre. Un facteur pourrait toutefois tempérer la tendance cette année : la vaccination. Dans les Pyrénées-Orientales, 45,5% de la population a reçu au moins une injection à ce jour selon Santé Publique France. Un chiffre supérieur à la donnée nationale (39,7%).
Les autorités multiplient donc les appels à la vaccination et au respect des mesures sanitaires. "Il faut redoubler de prudence en ce moment", insiste ainsi Etienne Stoskopf. La préfecture a déjà prolongé l’obligation en vigueur du port du masque jusqu’au 30 juin. De nouvelles restrictions pourraient toutefois être mises en place si la situation "se dégrade trop".