Le suffixe augmentatif ón est employé à tout bout de champ par les aficionados qui adorent l'exagération. Mais pour désigner le travail de Thomas Joubert hier à Saint-Gilles, il est parfaitement justifié.
Thomas Joubert n'est pas le meilleur torero du circuit. Il ne maîtrise visiblement pas totalement le geste de l'estocade, il ne réussit pas tout ce qu'il entreprend, il n'a pas l'air d'avoir assez de coffre pour enquiller les ferias l'une après l'autre comme font les champions de l'escalafón.
Mais tout ce qu'il fait dans l'arène transpire l'authenticité : se diriger à pas lent vers le toro, se planter devant lui à l'endroit précis où il doit foncer et où il peut vous attraper, donner la passe dans le tempo, enchaîner la suivante et, à la fin de la série, lever tranquillement les yeux vers le public. Il a cette faculté rare de capter l'attention des gens sans jamais la solliciter à grands coups de menton.
Il donne l'impression de mépriser les trucs et les ficelles qui permettent de temps en temps aux cadors d'emballer l'affaire quitte à tricher un peu. Lui s'obstine à rechercher le geste sobre quitte à se faire accrocher de temps en temps.
En un mot, on a l'impression que Thomas grandit - et se grandit - devant les cornes du toro.
Voilà pourquoi le mot faenón n'est pas exagéré.
Saint-Gilles (Gard), dimanche 21 août, 17h30. Corrida de feria de la Pêche et de l'Abricot.
6 toros de Mollalta : belles carcasses, robes chatoyantes, galops prometteurs, mais combativité douteuse. Seul le sixième, n°21 (annoncé à 551 kilos), offrait la possibilité d'une faena complète.
Iván Fandiño : applaudissements (un avis) et une oreille
Paco Ureña : silence (un avis) et applaudissements
Thomas Joubert : applaudissements (un avis) et deux oreilles.
4/5 d'arène. Beau temps, vent gênant par intermittence.
Sempiternel baryton entonnant l'Air du toréador avant le paseo et Dios te salve María de la messe rociera à l'entracte. Pourquoi?
Magnifiques pêches et délicieux abricots offerts par les agriculteurs locaux à la fin de la corrida dans la cour des arènes Émile Bilhau. Mmm!