Les délégués de la principale Église protestante française sont réunis depuis le 14 mai, à Sète. Il ont finalement décidé, avec un très grande majorité de votes, de donner la possibilité aux 500 pasteurs de cette Église de bénir des couples homosexuels
L'Église protestante unie de France (EPUdF) a finalement adopté, dimanche 17 mai, la possibilité de bénir les couples homosexuels à l'issue d'un vote très largement positif.
Après 18 mois de réflexion et de débat, le vote a eu lieu lors du dernier jour du synode organisé par l'EPUdF à Sète, dans l'Hérault.
Sur la centaine de délégués de l'EPUdF réunis à Sète, dans l'Hérault, et ayant pris part au délibéré, 94 ont voté pour la possibilité d'offrir une bénédiction religieuse aux couples homosexuels, et trois contre, a précisé le porte-parole de la principale Église protestante du pays.
Une autorisation, pas une obligation
Deux ans après l'adoption de la loi Taubira sur le mariage gay, ce vote donne la possibilité aux 500 pasteurs de l'EPUdF, qui revendique 110 000 membres actifs parmi 400 000 personnes faisant appel à ses services, de bénir des couples homosexuels, sans pour autant y obliger ceux des pasteurs qui sont opposés à un tel geste."Ce qui m'a surpris, c'est l'excellente ambiance" lors de la session du vote, marquée par "la confiance et la fraternité", a déclaré à l'AFP le pasteur Laurent Schlumberger, président du conseil national de l'EPUdF. "Ce n'est pas une majorité qui a gagné contre une minorité. La décision intègre toutes les positions".
Une quasi-première dans le paysage religieux français
Le mariage n'est pas un sacrement pour les protestants, mais les couples hétérosexuels unis en mairie peuvent être bénis au temple. D'importantes communions protestantes d'Europe (Espagne, Italie...) et d'Amérique du Nord, ont ouvert cette bénédiction aux couples gays et lesbiens. En France, seule la Mission populaire évangélique (MPEF), une Église beaucoup plus petite que l'EPUdF, autorise un "geste liturgique d'accueil et de prière" pour les homosexuels.Avant le synode, le pasteur Gilles Boucomont, vif opposant au projet, s'était inquiété de ce que "pour la première fois en France depuis 1517" (date de la Réforme initiée par Martin Luther), "une décision synodale majeure puisse être prise contre tous les textes bibliques". Avec une cinquantaine d'autres pasteurs et une centaine de conseillers presbytéraux (locaux), il avait d'ailleurs signé un "appel" invitant les délégués du synode à ne pas statuer "dans la hâte de répondre à la pression de la société et l'évolution de ses moeurs" et disait craindre "de profondes déchirures".