L'ASN, l'Autorité de sûreté nucléaire a publié le 17 mai un rapport sur l'état des centrales nucléaires françaises en 2021. Selon elle, trois centrales nucléaires - dont celle de Golfech dans le Tarn et Garonne - apparaissent "en retrait en matière de sûreté".
La centrale nucléaire de Golfech dans le Tarn-et-Garonne, mise en service au début des années 90, est de nouveau dans le viseur de l'ASN. Dans un rapport dont les éléments principaux ont été publiés le 17 mai 2022 sur Twitter, l'Autorité de sûreté nucléaire met en avant le fait que plusieurs centrales - dont celle de Golfech - sont en "retrait en matière de sûreté".
Dans ce rapport l'ASN estime que :
- "l’ensemble des exploitants doivent encore progresser sur la maîtrise du risque incendie, notamment en matière de gestion des entreposages et des stockages de matériels sensibles"
- "si des progrès ont été accomplis, l’ensemble des exploitants nucléaires doivent progresser dans l’organisation et les moyens de gestion de crise"
- "les exploitants doivent être attentifs à la conformité des installations, notamment au regard des phénomènes de vieillissement, de dégradation et de corrosion."
Inquiétudes autour de la corrosion
Du côté de la Commission locale d'information de Golfech on ne se dit pas surpris par ce rapport de l'ASN. "Pour nous, ce n'est pas nouveau. On évoque ces problèmes depuis 2019" explique Gilles Compagnat, le vice-président de la CLI.
Il attend beaucoup de la visite décennale de la centrale de Golfech, qui a amené à l'arrêt du réacteur 1 jusqu'au mois d'août 2022. "Cet arrêt permettra d'améliorer la sécurité des installations de la centrale" explique l'ancien ingénieur d'EDF.
Concernant la sécurité, Gilles Compagnat, rappelle que des réunions mensuelles ont été mises en place avec la direction de la centrale nucléaire tarn-et-garonnaise. Ce qui permet un contrôle et un suivi plus réguliers qu'avant. Reste la question des phénomènes de corrosion constatés dans plusieurs centrales nucléaires françaises, dont celle de Golfech. Des petites fissures constatées sur certains tuyaux. Prudent, le vice-président de la CLI évoque la piste d'une "géométrie des tuyauteries". En clair, ce phénomène pourrait être lié à la façon dont ces centrales ont été conçues en amont.
Gilles Compagnat se veut tout de même optimiste, malgré la vétusté de l'installation. "On constate une baisse significative des évènements depuis deux ans à Golfech" rappelle ce membre de la CLI.
EDF se dit "conscient" du problème
Du côté d'EDF, on ne semble pas surpris par le rapport de l'ASN. "On est conscient qu'il faut que nous améliorions nos méthodes de sûreté" explique un responsable du pôle communication, qui ne souhaite pas être nommé. Rappelons qu'en 2021, 26 inspections ont été effectuées dans la centrale nucléaire de Golfech par l'Autorité de sûreté nucléaire.
Concernant les problèmes de corrosion, EDF souligne qu'à l'heure actuelle il n'y a pas de certitudes sur les origines de ce phénomène. La 3ème visite décennale à Golfech - et l'arrêt du réacteur 1 - doivent permettre des "investigations complémentaires" sur cette question que le fournisseur d'électricité prend très au sérieux. A noter qu'actuellement, 12 réacteurs de centrales nucléaires sont à l'arrêt, dont le réacteur 1 de Golfech.
Concernant les questions de sécurité, EDF rappelle qu'un "Plan rigueur sûreté" a été mis en place en 2019 à Golfech, mais qu'il faut aller plus loin. "Il y a toujours des axes d'amélioration, notamment sur l'humain, en terme de formation, de réflexes à acquérir. Nous recentrons l'attention de nos collaborateurs sur ces questions de sécurité. On progresse, même si tout cela met du temps..."