Ô la belle vie met le cap sur le Tarn-et-Garonne, pour s'installer à Montauban, cité natale des célèbres artistes Ingres, Bourdelle et d'une femme exceptionnelle, féministe avant l'heure : Olympe de Gouges. Ancienne place forte protestante, la cité montalbanaise, traversée par le Tarn et le Tescou, est depuis le Moyen Âge, dotée d'une glorieuse réputation de ville résistante.
L'histoire de Montauban lui vaut encore aujourd'hui, une réputation glorieuse de cité résistante et combative. Fidèle au protestantisme, elle a lutté, déterminée, malgré les nombreux assauts des catholiques, notamment lors du fameux siège de 1621, représenté par l'armée royale de Louis XIII. D'ailleurs, au centre-ville, l'église Saint-Jacques porte encore les traces d'un combat hors pair et de ses coups de canon. Et puis, elle a su, quelques siècles plus tard, en 1808, après la révolution, convaincre Napoléon III, de lui dédier un département (le Tarn-et-Garonne) et ainsi retrouver ses galons d'antan, où elle régnait, avant 1789, capitale du Quercy et du Rouergue.
Aujourd'hui, toujours flamboyante, elle est labellisée ville d'art et d'histoire et Grand Site Occitanie.
Au fil du Tarn
Notre balade débute sur les eaux du Tarn. Nicolas Périé est passionné par l’univers fluvial et la batellerie. Il embarque Sophie dans son bateau 100% alimenté en énergie solaire, ce qui lui permet de naviguer au plus près des habitations du centre-ville. Il y a trois ans, il a fondé la compagnie fluviale du midi. Aujourd’hui, il milite pour valoriser les voies d’eaux navigables laissées à l’abandon.
Le petit bateau longe l’ile de la Pissote, un bras de terre où nichent une quinzaine d’espèces d’oiseaux pêcheurs dont de nombreux hérons.
Ce qui est extraordinaire c’est qu’ici on a l’impression d’être en pleine nature, alors qu'en même temps, on est au centre-ville.
Nicolas Périé, capitaine de bateau et de péniche éco-responsables
Dès le Moyen Âge, les eaux du Tarn permettaient à la cité montalbanaise (jusqu’à l’arrivée du chemin de fer), d’acheminer, dans tout le pays et au-delà, ses nombreuses ressources, comme par exemple, le vin, les fruits, la farine (ses minoteries étaient les plus renommées), et le textile avec ses fabriques d’étoffes de toutes sortes, telles que soie, molletons, gros draps (dit de Montauban) dont des filatures d’une laine "spéciale, qui servait à confectionner les habits des canadiens" nous raconte notre batelier.
Parmi les trois ponts de Montauban, le pont vieux a permis, dès le début du 14ème siècle, d’accéder à la ville.
La brique rose...d'Occitanie
De part et d’autre des quais, nous apercevons d’un côté, le musée Ingres-Bourdelle et de l’autre l’ancien quartier de Villebourbon avec ses anciens hôtels de drapiers, devenu plus tard, au XIXème siècle, spécialement industriel avec ses briqueteries, tuileries, etc. "Montauban comme Toulouse est une ville de briques, car ici, nous n’avons pas de carrières de pierres" nous raconte Joséphine Ravier, guide et passionnée d’histoire. "Ce qui n’est pas sans rappeler les briques roses de Toulouse" relève à juste titre, Sophie.
Olympe de Gouges, pionnière du féminisme
Au fil de nos déambulations, une fresque nous apparait tout à coup. Un visage de femme. Il s’agit d’Olympe de Gouges. Née à Montauban en 1748, Marie Gouze, est devenue femme de lettres, s’immisçant dans les affaires politiques. A l’origine de la déclaration des droits des femmes et de la citoyenne, elle s’inscrit dans le mouvement des lumières. Un sacré pas en avant pour l’époque qui fut très vite balayé par la période de la terreur et ses mises à mort. Olympe en paya le prix fort puisqu’elle fut guillotinée en 1793.
Elle signe à son actif 16 pièces de théâtre et plus d'une cinquantaine d'écrits politique dénonçant l’esclavage, et défendant le droit des femmes.
Le crieur du centre-ville
Plus loin, donnant pratiquement sur la place centrale dite aujoud’hui "nationale", après avoir été "royale" et "impériale", une salle municipale est devenue la maison du crieur. Un lieu de rencontre et d’exposition dont Patrick Fonzes en est l’animateur. Chaque samedi, jour de marché, à 11h44, horaire correspondant à la date de fondation de Montauban (1144), l’homme perché sur son promontoire et brandissant son haut-parleur informe les passants de l’actualité culturelle de la ville. A l’image des anciens crieurs qui, d’un son de tambour, annonçaient les évènements aux habitants des cités.
Antoine Bourdelle et sa cassette secrète
Et puis, nous admirons les œuvres du célèbre sculpteur Antoine Bourdelle et son célèbre Héraclès archer. Ses œuvres ont rejoint le musée montalbanais qui depuis 2019, porte le nom d’Ingres-Bourdelle.
Laeticia Vincent-Genod chargée des collections au musée, raconte qu'une petite cassette ayant appartenu au sculpteur, a été découverte cachée dans le socle du monument aux morts, lors de son déménagement, dans les années 1970.
En 2022, "On l’a faite scanner par l’hôpital de Montauban" raconte Joséphine à Sophie. Mais que contient-elle ? Le mystère est-il enfin percé ?
"Ô la belle vie : "Montauban, une flamboyante résistance". A voir le dimanche 23 avril 2023, à 12h55. Emission présentée par Sophie Jovillard. Réalisé par Laurent Desvaux. Une coproduction France 3 Occitanie et Grand Angle Productions.