Jacques et Pierre ont été victimes du même prêtre pédophile dans un pensionnat du Tarn-et-Garonne à l’adolescence. Plus de 20 ans après, alors que leur entourage ignore ce qu’ils ont vécu, ils ont accepté de témoigner.
Jacques et Pierre étaient adolescents quand ils disent avoir été abusés sexuellement par un prêtre pédophile. Ils étaient pensionnaires dans une école hors cadre apparentée aux scouts dans les années 70. Cette école qui se situait à Bruniquel était en fait un tout petit pensionnat, animé et dirigé par une seule personne : un prêtre. Celui-ci avait, d'après ses victimes, été écarté de l'éducation... Il avait perdu son poste dans un lycée du Tarn-et-Garonne suite à une enquête préliminaire menée par les autorités pour un soupçon d'actes pédophiles.
Quand on parle d’actes pédophiles, on se figure le plus souvent compte tenu de la gravité des faits, des êtres monstrueux qui agissent au gré de leurs pulsions. Or, dans bien des cas, se dessine le profil de personnages charismatiques, appréciés et valorisés socialement. Les deux hommes décrivent un personnage cultivé, intelligent qui déployait une stratégie très élaborée pour apprivoiser et soumettre ses victimes. Ils sont certains qu'il a fait d'autres victimes.
Des conséquences dramatiques
Jacques et Pierre disent ressentir un fort sentiment de culpabilité.... Du fait de la manipulation, les responsabilités sont inversées. Les victimes se sentent coupables et subissent des émotions incontrôlables. Ces faits ont eu des conséquences importantes dans leur vie. Ils disent n'en avoir pas fait le deuil aujourd'hui encore, plus de 20 ans après. Pour préserver leur anonymat, nous avons modifié à leur demande leurs voix et leurs prénoms.
En vidéo, le reportage de Christine Ravier et Eric Foissac.
Tous deux ont souhaité porter plainte mais les délais de prescription étaient dépassés. Ils ne sont pas sensibles à la demande de pardon du clergé, relayée par le cardinal Barbarin à Lourdes l'année dernière. Ils estiment que ce prêtre a bénéficié pendant toute sa carrière de complicité dans la mesure où "les gens savaient mais n'ont rien fait".
Quant au prêtre qui les a agressé, il n'a jamais reconnu les faits. Or c'est cette reconnaissance que les deux hommes demandent aujourd'hui à l'église, afin de pouvoir faire leur deuil de ce qui leur est arrivé.Pour préserver leur anonymat, nous avons modifié à leur demande leurs voix et leurs prénoms.