Les femmes de militaires manifesteront à Paris, samedi, après les coupes budgétaires décidées par le gouvernement. Elles monteront avec plusieurs revendications. C'est une Castraise, femme de militaire, qui est à l'origine de ce mouvement. 500 épouses sont attendues.
Mise en place après les attentats de janvier 2015, renforcée après ceux de novembre de la même année, l'opération Sentinelle mobilise 7000 militaires sur l'ensemble du territoire. Ils n'ont jamais été autant sollicités. Ce qui ne les empêche pas d'être victimes des coupes budgétaires décidées par le nouveau gouvernement. Le général Pierre de Villiers a même été contraint de démissionner après les avoir critiquées. Dans la foulée, un mouvement de "femmes de militaires en colère" s'est créé sur Facebook. Il prévoit samedi une manifestation à Paris.
Mercedes Crepin, femme de militaire, habitante de Castres, est l'une des épouses originaires de ce mouvement. "On veut montrer notre ras-le-bol, notre inquiétude et notre colère", explique-t-elle à France 3, précisant qu'elle et les autres épouses "ne portent pas la parole de leur mari". Les militaires sont soumis à un devoir de réserve et n'ont pas l'autorisation de manifester ni de faire grève.
"Nos familles sont victimes du système Louvoie", expose Mercedes Crepin. Ce système, provenant du nom de logiciel de paie des militaires, rencontre depuis plusieurs années des bugs : des surplus de salaires sont versés. "Une ou deux années plus tard, on nous demande de rembourser, explique la femme de militaire. Cela fait que plusieurs familles se retrouvent endettées." Ce logiciel avait déjà été la raison d'une manifestation de femmes de militaires en 2012.
Des veuves en détresse
Autre revendication du collectif : une meilleure prise en charge des soldats victimes du syndrome post-traumatique d'après-guerre, tabou à l'intérieur de l'institution. "Nous, épouses, aimerions être aidées pour avoir des informations là-dessus, mais aussi sur les façons dont on peut accompagner nos hommes vers la guérison", explique Mercedes Crepin. La situation des veuves de militaires, "qui se retrouvent à la porte du régiment deux ou trois mois après la mort de leur mari sans aucun accompagnement", est aussi un problème pointé par les femmes de militaires réunies dans ce collectif.Concernant leurs hommes, elles demandent à ce que, dans le cadre de l'opération Sentinelle, "ils puissent dormir dans des endroits corrects et manger convenablement". "Ce n'est pas normal qu'ils aient des puces ou des boutons lorsqu'ils rentrent à la maison", déplore-t-elle. Elle dit recevoir chaque jour des témoignages "effarants" concernant la vie des épouses de militaires.
Des mobilisations attendues en régions
Pourquoi se soulever maintenant ? "L'annonce des coupes budgétaires et la démission forcée du général De Villiers a été la goutte d'eau", explique l'administratrice de la page Facebook.À Paris, le rassemblement aura lieu à 13 heures place des Invalides. Le collectif attend pas moins de 500 épouses de militaire. "Ce n'est que le début, expose Mercedes Crepin. Notre ambition est de mettre aussi sur pied des actions au niveau local." Les régions Occitanie et Grand Est seraient déjà bien parties pour cela.