La justice a confirmé ce lundi 4 juillet le maintien en détention de Cédric Jubillar soupçonné d'avoir tué sa femme Delphine, ont indiqué ses avocats. La trentenaire, mère de deux jeunes enfants, a disparu du domicile familial de Cagnac-les-Mines dans le Tarn, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020.
Delphine Jubillar avait 33 ans. Elle était infirmière dans une clinique d'Albi. Elle a été vue pour la dernière fois dans la soirée du 15 décembre 2020, dans sa maison de Cagnac-les-Mines, un village proche d'Albi où elle vivait avec son mari et ses deux enfants.
Mis en examen pour homicide volontaire et emprisonné à la maison d'arrêt de Seysses près de Toulouse, en juin 2021, le principal suspect, Cédric Jubillar le mari de la victime, peintre plaquiste de 34 ans, a toujours clamé son innocence. Si un consensus existe sur le fait que Delphine Jubillar est morte et qu'elle a été tuée - elle n'aurait jamais abandonné ses enfants - l'absence de corps, d'aveu, de scène de crime ou encore de preuve irréfutable rend le dossier complexe.
Aucune piste en suspens
On a entendu, depuis le début de son incarcération, les avocats de Cédric Jubillar invoquer la "présomption d'innocence bafouée" et brandir le spectre de l'erreur judiciaire. La question se pose donc de savoir pourquoi le juge des libertés et de la détention a prolongé de six mois sa détention le 13 juin dernier, alors qu'elle était initialement prévue pour un an (c'est-à-dire jusqu'au 18 juin) ? Pourquoi Cédric Jubillar est-il maintenu en détention ce lundi ?
Le secret de l'instruction ayant été très rapidement éventé, on peut lister différents éléments sur lesquels s'appuie le juge. Des éléments corroborés par les avocats des enfants, de parents et d'amis de la victime. Pour eux, de façon unanime, les enquêteurs n'ont laissé aucune piste en suspens. Chaque porte a été ouverte, des investigations ont été menées de façon sérieuse et approfondie.
Pourquoi ces mensonges ?
"Ils ont cherché, fouillé... la seule piste possible, c'est le mari à moins qu'elle n'ait été enlevée par un OVNI, affirme Phillipe Pressecq, avocat de deux cousines et de quatre amies proches de l'infirmière. Tout ce qu'il dit est faux et c'est démontré. Si on vous demande ce que vous avez fait et que vous mentez sur tout, c'est que vous avez probablement quelque chose à cacher".
C'est sur ces mensonges que porte le faisceau d'indices "graves et concordants" évoqué par le procureur de la République dès la mise en examen du suspect numéro un.
- La dispute : elle est niée par Cédric Jubillar lorsque les enquêteurs lui demandent de raconter la soirée. Or des voisins ont entendu des hurlements de femme. Les lunettes de l'infirmière sont découvertes cassées en quatre morceaux, alors qu'elles ne l'étaient pas la veille.
- Le mari prétend que sa femme a disparu alors qu'elle était allée sortir les chiens. Seuls les chiens seraient rentrés, pas elle. Puis il reconnaît qu'il a sorti lui-même les chiens. D'ailleurs une photo de Delphine Jubillar en tenue de nuit, qu'elle envoie à l'homme avec qui elle souhaitait refaire sa vie vers 23h, démontre qu'elle ne s'apprêtait pas à sortir.
- Le téléphone portable de Cédric Jubillar est coupé de 22h30 à 4 heures du matin, cette nuit-là de manière exceptionnelle, or il prétend le contraire.
- La voiture de Delphine Jubillar est garée dans le sens inverse de celui où elle la gare systématiquement.
- Plusieurs incohérences s'ajoutent à ce faisceau d'indices qui viennent contredire la version du mari, notamment des captures d'écran du portrait de l'amant de la jeune femme qui auraient été retrouvées dans son portable.
- Cédric Jubillar venait d'apprendre que sa femme allait refaire sa vie avec un autre homme. D'après de nombreux proches, la séparation qu'elle souhaitait ne se déroulait pas sans heurts comme l'indique son mari.
Cédric Jubillar est maintenu en détention notamment pour éviter d'éventuelles pressions sur des témoins ou la disparition de preuves. Sa libération serait en outre susceptible de créer un trouble grave à l'ordre public d'après les avocats des proches de Delphine Jubillar, leurs clients ne pouvant être sereins s'il était libre.
Les juges de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse ont décidé de suivre les réquisitions de l’avocat général et de le maintenir en détention provisoire, alors que les recherches se poursuivent sur le terrain pour tenter de retrouver le corps de sa femme.