Un rapport sénatorial pointe le malaise de l’hôpital et une forte dégradation des conditions de travail. A l’hôpital d’Albi, un syndicat dénonce un de ces "symptômes" : la polyvalence imposée aux soignants avec des infirmiers qui passent de la cardio aux urgences.
Fermeture de lits, personnel épuisé et démissions en série. Le malaise de l’hôpital et le mal-être des soignants sont devenus une évidence. Le constat est connu de tous et admis unanimement par les responsables politiques. Mais un rapport sénatorial, rendu public fin mars, jette, malgré tout un pavé dans la marre.
Un nouveau pavé dans la marre
Après 4 mois de travail et plus d’une centaine d’auditions, le constat est sans appel. La commission d’enquête présidée par Bernard Jomier, dénonce « une dégradation des conditions de travail antérieure à la crise (NDRL de la Covid) et qui s’accentue ». Les sénateurs évoquent un « malaise des soignants » qui passe par des rappels sur les jours de congés ou des modifications fréquentes de planning. Au Centre Hospitalier Général d’Albi, un syndicat complète la liste des maux "ordinaires" : la polyvalence.
La polyvalence comme variable d'ajustement
"Un infirmier passe de la cardio à la neuro ou aux urgences. Le mot d’ordre, c’est la polyvalence. Ça pose un problème de qualité de soin. La direction justifie cela en disant qu’une IDE (NDLR Infirmière Diplômée d’Etat) est diplômée mais ce n’est pas pareil de travailler en cardio ou en neuro", souligne Brigitte Laroche, secrétaire départementale Santé au CH d’Albi.
Plus de souplesse et moins de qualité ?
Ce turn-over est synonyme de perte d’expertise pour la syndicaliste. Les patients risquent d’en pâtir. Mais ce roulement permanent impacte également la vie personnelle des soignants car le rythme et les horaires de travail varient en fonction des services.
Les soignants subissent déjà des variations de planning. « La fermeture des lits est ajustée en fonction de l’offre. En octobre-février, on ouvre plus de lits car c’est la saison de la grippe, en chirurgie on ferme des lits l’été car les chirurgiens sont en vacances. Les soignants peuvent passer de 32 à 48 heures par semaine », souligne Brigitte Laroche.
Le fait de passer d’un service à l’autre accroit cette instabilité dans le planning des effectifs. La polyvalence offre une variable d’ajustement par rapport à l’activité hospitalière et constitue une réponse à la pénurie de personnel. Mais, pour la syndicaliste, ce n’est pas un remède. Cela augmente, au contraire, le malaise et le mal-être des soignants.
Les fonctions d'encadrement impactées
La polyvalence s’applique également dans les fonctions d’encadrement. « Pendant deux ans, on teste quelqu’un et ensuite on lui fait faire une formation de cadre, c’est le "faisant office de cadre" et là c’est juste un moyen de gérer la pénurie » estime Brigitte Laroche.
Contactée la direction du CH d'Albi ne s'est pas exprimée.