C’est officiel, à 41 ans, Céline Imart, agricultrice céréalière à Aguts dans le Tarn est bien la numéro deux de la liste LR aux élections européennes, derrière François Xavier Bellamy. Diplômée de Sciences Po Paris et de l'Essec, Céline Imart s’engage en politique "pour faire bouger les lignes" et défendre une agriculture rurale et vivante. Interview.
Porte-parole d’Intercéréales, l’interprofession qui regroupe les producteurs, coopératives et exportateurs de céréales en France, l’agricultrice tarnaise, Céline Imart sera la numéro deux de la liste LR aux élections européennes.
Lorsque nous réalisons cette interview, Céline Imart se rend à une réunion de la FDSEA du Tarn à Albi, dont elle est membre. L’agricultrice vient saluer les agriculteurs locaux avant d’entrer en campagne et annoncer sa mise en retrait de ses fonctions syndicales.
Pourquoi accepter cette nomination ?
J’ai toujours envie de mener le combat de l’agriculture, le combat du monde agricole. On a bien vu avec toutes nos récentes mobilisations, il y a beaucoup de choses qui se jouent pour l’agriculture, la ruralité à l’échelon européen. Nous sommes très peu représentés, nous ne pesons pas assez en Europe pour défendre les intérêts de l’agriculture française et de la ruralité.
Quand on m’a fait cette proposition, je me suis dit c’est maintenant qu’il faut faire bouger les lignes. Il faut porter quelque chose de très fort pour faire bouger les lignes.
Pourquoi se lancer en politique sous la bannière LR ?
De tous les textes à portée agricole de la dernière mandature au parlement, pour moi la délégation LR en France a voté pour défendre les intérêts du monde agricole. Ils ont notamment voté contre un texte d’une loi sur la restauration de la nature qui imposait à tous les agriculteurs de geler 10% de leur terre, de rendre 10% de leur terre à la nature.
Les agriculteurs doivent pouvoir vivre de leur travail, produire sinon on importe 70% de poulets, 60% de fruits et légumes. La perspective de dire on gèle 10% de terres cela ne me convenait pas et LR n’a pas voté pour une agriculture de la décroissance mais pour une agriculture qui produit pour nourrir le cœur de gamme de ces consommateurs.
Cela participe à une vision de l’agriculture que je défends. Une agriculture qui produit dans le respect de l’environnement, le respect des hommes et des femmes. Les agriculteurs manquent de reconnaissance, de considération et de revenus.
Face à la crise agricole, les mesures du gouvernement sont-elles insuffisantes ?
Ce qui est terrible c’est que le gouvernement actuel n’a pas de plan pour l’agriculture. Là nous avons tiré la sonnette d’alarme. Nous sommes conscients que l’on ne peut pas changer les choses du jour au lendemain et qu’il faut du temps, mais nous voyons bien que le gouvernement n’a pas de plan.
Ce que nous réclamons c’est une vision, un cap, savoir si le pays a besoin de nous et qui va nous donner vraiment les moyens de vivre de notre métier, de nous donner des perspectives d’avenir.
Le gouvernement n’a pas de plan, il essaie juste d’éteindre le feu, il le fait avec les mesures comme le retour d’exonération de fiscalisation sur le gazole non routier. Il fait du rétropédalage, il prend des mesures d’urgence, il débourse quelques millions pour éteindre le feu mais ce n’est pas de cela que nous avons besoin. Nous avons besoin d’une vision à long terme, avoir les moyens de travailler, de nourrir, de décarboner.
Défendre au parlement une ruralité vivante
Aujourd’hui le parlement c’est une machine à produire des normes, pendant toutes les décisions qui seront prises je veux porter toutes les réalités du terrain, qu’elles soient prises en compte. Aujourd’hui l’Europe, ce sont des réglementations hors sol et cela est dû au fait qu’il n’y a pas assez de personnes du terrain qui s’investissent. C’est la voix du terrain que je veux porter. Mon engagement ce sont les réalités. Les gens doivent être reconnectés aux décisions politiques
Aujourd’hui, l’Europe a une politique à double jeu. On nous dit qu’il faut baisser la production et laver plus vert que vert alors qu’à côté, on ouvre les vannes, on assure clairement que le cœur de ce qui est consommé par les Français va être importé, cela, ce n’est plus possible. Il faut une vision stratégique pour dire que l’agriculture et l’alimentation sont des secteurs stratégiques pour l’Europe et doivent être défendues. Nous devons maîtriser notre destin agricole et alimentaire.