"Les territoires ruraux sont un peu abandonnés" : privés de piscine pour l'été, un collectif d'habitants se mobilise

La piscine d'hiver de Graulhet (Tarn) a fermé en novembre 2023, celle d'été l'est depuis 3 ans. Des décisions que peinent à admettre des habitants constitués en collectif. Ils estiment que rien ne justifie leur destruction et se sentent abandonnés au profit de villes plus prestigieuses. Trois questions à l'un des porte-paroles de "Nous gardons nos piscines".

Plus de piscine d'été depuis 3 ans, une piscine couverte condamnée elle aussi fin 2023, des motifs de sécurité qui ne convainquent pas... des habitants de Graulhet (Tarn) s'insurgent. Ils mettent en cause la décision de la mairie de détruire les piscines existantes au profit d'un projet plus modeste qui, selon eux, ne dispose pas de garanties financières sûres. De quoi nourrir un sentiment d'abandon selon Jean-Claude Edigio, l'un des porte-paroles du collectif "Nous gardons nos piscines".  

France 3 Occitanie : Quel est le problème pour vous avec ces fermetures de piscines ?

Jean-Claude Edigio : Depuis 3 ans, nous n'avons plus la piscine d'été avec son bassin de 50 mètres, unique dans le Tarn, et la piscine couverte de 25 mètres a fermé cet hiver. Nous n'avons pas compris la raison donc on a demandé au maire et à l'un de ses adjoints* qui nous ont répondu, en fait très vaguement, que les coûts de la réparation seraient trop importants. Ça ne nous satisfaisait pas.

On voulait avoir des renseignements sur les raisons de ces fermetures. On a donc demandé à la mairie de nous fournir des documents là-dessus. Ce qui ne nous a pas été accordé. Il a fallu qu'on demande à la CADA, la commission d'accès aux documents administratifs, qui nous a communiqué des rapports.

Rien ne nous permet de justifier d'après ces rapports, les fermetures. Quatre raisons sont exposées : l'absence de vérification annuelle électrique, la résistance au feu des structures non garantie, le non-respect du nombre de dégagements, ce sont les portes de sécurité qui ne sont pas fonctionnelles et la dernière, ce sont des locaux à risque non isolés réglementairement c'est-à-dire que l'entrepôt de produits pouvait présenter des dangers.

France 3 Occitanie : Pour vous, ces éléments ne justifient pas la destruction ?

Jean-Claude Edigio : Effectivement. On a cherché à savoir combien ça aurait coûté d'entreprendre ces réparations plutôt que tout détruire parce que le projet, finalement, on a réussi à avoir des éclaircissements... Il y a deux projets. L'un concerne une piscine provisoire ou éphémère qui devrait, je dis bien au conditionnel, devrait ouvrir à Toussaint cette année. Une piscine provisoire essentiellement pour les scolaires. Elle servirait 3 ans nous dit-on pour un coût de 2,5 millions d'euros.

Le second projet, ce serait une piscine pérenne qui se situerait où sont les piscines actuelles avec une différence notable pour nous : le bassin de 50 mètres n'existerait plus. C'est-à-dire qu'à la place, on aurait un bassin extérieur de 25 mètres. Pour nous, c'est une grosse perte car ce bassin est unique dans le Tarn. 

Il permettait des compétitions, notamment dans le cadre d'un jumelage avec une ville d'Autriche. Les compétitions qui pourraient s'y dérouler n'auront plus la même importance. En parallèle, le département a donné son accord pour la construction d'une piscine de 50 mètres à Albi qui serait une piscine nordique, chauffée hiver comme été.

France 3 Occitanie : Quel est votre sentiment par rapport à cette construction ?

Jean-Claude Edigio : On a le sentiment que les territoires ruraux sont un peu abandonnés au profit, au bénéfice des villes qui sont un peu plus prestigieuses, notamment Albi. Sur l'ensemble de ce qui s'annonce, on n'est pas enthousiastes parce qu'on décide que ça va coûter plus cher de détruire pour reconstruire après. Or ce n'est pas acté encore ce projet-là. Pour ma part, je suis assez sceptique sur ces réalisations à Graulhet.

Le site de la piscine actuelle,le quartier de Crins, va être le principal perdant. C'est un quartier populaire, c'est-à-dire qu'il y a pas mal d'immeubles, etc. C'était un endroit qui accueillait les enfants, les gamins, les jeunes pendant l'été notamment, les familles d'une façon générale. Et donc, ça va manquer cruellement en plus de tous ceux qui comment dire tous les gens qui, pour une raison ou pour une autre, font de la natation.

Pour nous, c'est d'abord une injustice sociale. Il faut savoir qu'à l'Isle-sur-Tarn, une piscine a été réparée et inaugurée en présence du président du conseil départemental, Mr Ramond et d'une conseillère municipale de Graulhet, Mme Fita, également élue à la région. On a un sentiment de deux poids, deux mesures (...). C'est la double peine. Et pour les piscines qu'on nous promet, on ne voit pas de plans s'échafauder, c'est-à-dire ni les financements régionaux, nationaux... On a fait une pétition qui a récolté 1600 signatures et on a tracté en ville et on ressent chez les gens un sentiment d'appauvrissement et d'abandon. Et ça, pour une mairie de gauche, c'est pas à la hauteur.

*Nous avons tenté de joindre le maire et l'élu en charge du dossier le 31 juillet mais on nous a demandé de rappeler à partir du 19 août.

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