Non, les pompiers d'Albi n'ont pas reçu des gilets pare-balles pour intervenir dans les quartiers

FACT-CHECKING - Un élu Front National d'Albi, Frédéric Cabrolier, fait un raccourci entre le fait que les pompiers ont reçu des gilets pare-balles (en cas d'attentat) et leurs interventions dans les quartiers sensibles. 

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L'affaire de l'agression supposée dont aurait été victime une conseillère municipale Front National d'Albi n'en finit pas de rebondir. Alors qu'elle avait affirmée avoir été agressée dans le quartier de Lapanouse, sa version a été contredite par des témoins qui affirment que c'est elle qui a provoqué un groupe de jeunes et, pratiquant la boxe thaï depuis des années, aurait frappé l'un d'eux, notamment aux parties génitales.

Ce mardi 16 mai c'est le patron du Front National d'Albi et candidat FN aux législatives dans le Tarn, Frédéric Cabrolier, qui a vivement réagi dans un billet publié sur le site du parti. Passons sur le fait qu'il regrette que la version de l'élue "soit remise en cause par certains médias parce qu’élue FN au bénéfice d’un voyou au casier judiciaire long comme le bras, sans attendre la fin de l’enquête en cours".

Ce qui est plus intéressant, c'est que dans le dernier paragraphe, Frédéric Cabrolier fait le parallèle entre ce fait qui relève du droit commun, la réception de gilets pare-balles par les pompiers du Tarn et les fichés S.

A l’heure où les pompiers albigeois ont reçu des gilets pare-balles et où Albi compte une cinquantaine de "fichés S" pour radicalisation, nous, élus albigeois du Front National, continueront à réclamer l’Etat de droit dans ces quartiers où une minorité de voyous parfaitement connus font régner un ordre qui n’est pas républicain. (Frédéric Cabrolier)

Le parallèle entre les fichés S et les quartiers dits sensibles est somme toute assez classique, notamment dans les argumentaires du parti de Marine Le Pen. Ce qui l'est moins, c'est la référence aux gilets pare-balles des pompiers.

Nous avons vérifié auprès de la direction et de la présidence du Service Départental d'Incendie et de Secours (SDIS) du Tarn.

Oui, c'est exact, les pompiers du Tarn ont bien reçu récemment plusieurs lots de gilets pare-balles. "3 ou 4 lots, soit une quinzaine de gilets", précise Michel Benoît, le président du SDIS 81

Mais non ces gilets ne sont pas destinés à l'intervention des pompiers dans les quartiers difficiles. "Les pompiers du Tarn figurent sur la liste des sauveteurs en cas de tuerie de masse, explique Michel Benoît. L'utilisation des gilets pare-balles ne peut se faire que dans ce cadre, c'est à dire celui d'un attentat. Il ne sont pas destinés à des interventions dans des quartiers comme ceux de Lapanouse ou Cantepau. Il n'en a jamais été question. C'est une interprétation totalement fausse de la part du FN."

Ces gilets pare-balles sont donc fait pour protéger les pompiers qui seraient appelés à porter secours à des victimes d'un attentat toujours en cours. Donner une autre explication, ou faire croire, par un raccourci volontaire, qu'ils ont été acquis pour une autre raison serait donc une interprétation fallacieuse.

Entre un attentat et les échanges de coups et de noms d'oiseaux entre une élue FN et un groupe de jeunes, il y avait un fossé que le Front National d'Albi, en pleine période électorale, n'a pas hésité à franchir. 

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