Tarn : le Jardin National d'Albi saccagé

Les jardiniers municipaux avaient travaillé dur depuis neuf mois en prévision de la saison touristique. Dans la nuit de mardi 7 à mercredi 8 juin, ces efforts ont été réduits à néant. Vandalisme ordinaire ou acte politique ? Une plainte a été déposée.

Plus de 2000 plants de rudbeckias, orchidées et autres hibiscus ont été méthodiquement détruits, principalement dans le jardin national qui jouxte la Place du Vigan. Comme une provocation au cœur même de la ville et à quelques centaines de mètres de la mairie. Des fleurs patiemment cultivées pendant plusieurs mois dans les serres municipales pour être plantées depuis quelques semaines dans les espaces verts de la cité épiscopale.

Le spectacle de désolation a été découvert par le personnel municipal et les riverains. Ecœuré, le maire d'Albi a organisé une conférence de Presse spontanée sur place, mercredi 9 juin, pour que les journalistes puissent constater les dégâts. Stéphanie Guiraud-Chaumeil a aussi annoncé son intention de déposer plainte. L’action des vandales semble en effet avoir été coordonnée pour faire un maximum de dégâts en un minimum de temps.

Les fleurs ont été arrachées et laissées sur place. Il ne s’agit donc pas des habituels "prélèvements" réalisés par des amateurs de nature voulant fleurir gratuitement leurs jardins ou leurs balcons, ou des dégâts perpétrés par des fêtards désœuvrés à l’heure de la fermeture des lieux de sortie du centre-ville. Ces dégradations régulières ne concernent en effet qu’un très petit nombre de variétés ciblées, remplacées aussitôt par les jardiniers municipaux.


La municipalité ciblée ?


Au vu de l’étendue des dégâts, la municipalité albigeoise était-elle sciemment prise pour cible ? L'acte peut-être en effet interprété comme une dénonciation de la gestion municipale des dossiers écologiques et environnementaux. En avril dernier, les journaux du monde entier ont relayé l'objectif municipal d' "autosuffisance alimentaire" grâce à une production maraîchère locale et bio. Cette campagne de communication a beaucoup agacé les opposants écologistes du maire d'Albi.

Des inscriptions hostiles aux choix municipaux ont ainsi été taguées pendant le week-end sur les palissades du circuit d’Albi. Elles dénonçaient la transformation de quelques hectares vierges en zone commerciale dans le quartier de la Renaudié. Le fameux dossier dit du "Leroy-Merlin" pour lequel des responsables associatifs et des élus régionaux d’Europe-Ecologie Les Verts ont menacé la maire d’Albi de représailles : "Elle n'a pas de chance, la maire d'Albi… son projet commercial, elle le fait dans mon jardin, dans mes collines de Pagnol… C’est un symbole de la bêtise politique et administrative… On devrait créer ici une zone de maraîchage" déclarait Gérard Onesta en septembre 2015.

Et si les courageux anonymes osaient enfin prendre leurs responsabilités ? Quel message politique ont-ils voulu faire passer en saccageant le travail des autres ? S’ils ont un problème avec la municipalité, qu’ils viennent le dire ! tonnait donc ce matin Stéphanie Guiraud-Chaumeil.









Albi, fière de ses "quatre fleurs"


Après les dégradations commises dans le jardin national le travail de remise en état sera considérable et les employés municipaux devront prélever dans leurs stocks des plants prévus pour d'autres espaces verts. Selon Pierre-Marie Senès, conseiller municipal délégué aux parcs et jardins : "Les équipes assurent toute la production des fleurs proposées dans les parcs et jardins albigeois (…) Une gestion raisonnée qui s’est patiemment mise en place afin de ne produire que ce dont la ville a besoin."

Le fleurissement de la cité épiscopale est un objectif important pour la municipalité, un des vecteurs de son attractivité touristique. Albi arbore depuis 2002 les "quatre fleurs" décernées par le ministère du tourisme aux villes et villages fleuris.

Vidéo : le reportage de Maxime Van Oudendycke et Corinne Carrière
Un acte de vandalisme
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